Accord de paix en Colombie : Un an plus tard

Les années de solitude continuent pour le département du Chocó

La situation des droits humains dans le département du Chocó, sur la côte pacifique de la Colombie, est toujours critique. Depuis la démobilisation des FARC en janvier 2017, des groupes armés comme l’Armée de libération nationale (ELN) et le groupe Autodefensas Gaitanistas de Colombia (AGC) cherchent à prendre le contrôle des territoires abandonnés par les FARC.

Les communautés indigènes et afrocolombiennes de cette région sont la principale cible d’homicides, d’attaques contre des défenseur-e-s des droits humains, de déplacements forcés, de confinements et d’autres violations des droits humains. L’État colombien doit sans délai apporter une solution permettant de protéger les communautés du Chocó.

« Pour nous, la paix doit se traduire par la fin de TOUS les groupes armés illégaux »

Lino Membara, représentant du Conseil des communautés indigènes du Chocó

Que s’est-il passé dans le département du Chocó depuis la signature de l’accord de paix ?

DÉPLACEMENTS FORCÉS

La signature de l’accord de paix en novembre 2016 n’a pas mis fin aux affrontements entre groupes armés. Elle n’a pas non plus empêché ces groupes de s’installer sur les territoires abandonnés par les FARC. En conséquence, des communautés indigènes et afrocolombiennes continuent d’être victimes de déplacements forcés dans le département du Chocó.

Les conditions de vie des personnes déplacées sont précaires : elles ne bénéficient d’aucune aide humanitaire d’urgence et n’ont accès ni à des soins médicaux, ni à de la nourriture suffisante, ni à un logement adéquat. En l’absence de réponse efficace de la part de l’État, de nombreuses communautés ne voient pas d’autre solution qu’aller de village en village et retourner sans protection dans leur village, ce qui les expose à de nouvelles attaques et à de nouveaux déplacements.

En 2017, le département du Chocó regroupait 57 % des personnes déplacées de Colombie

Ce conflit territorial a permis l’assassinat de dirigeants sociaux afro-descendants et indigènes

Leader afrocolombien du Chocó

Les explosions de mines antipersonnel sur les territoires des communautés indigènes et afrocolombiennes ont fait de nombreux blessés et sèment la peur au sein des communautés. Dans certains cas, cette peur s’est traduite par des déplacements forcés. Des communautés entières ont abandonné leurs terres pour fuir la menace. Dans d’autres cas, la présence de mines a entraîné des situations de confinement. Les communautés ont peur de quitter leurs terres en raison des mines et se retrouvent isolées dans des zones de conflit et soumises à de graves risques en matière de santé et d’alimentation. Les confinements signalés dans le département du Chocó touchent principalement des réserves indigènes.

Nos terres se remplissent de mines. Nous ne voulons pas cela. Nous ne voulons pas que vous semiez des mines près de la communauté. Nous ne voulons pas de groupes armés dans la communauté. Nous ne voulons plus de guerre, s'il vous plait, écoutez-nous.

Sebastián Carpio Maheche, un jeune homme wounaan qui a été blessé par une mine antipersonnel

La protection est une étape indispensable vers la paix

En raison de l’absence de protection efficace et adaptée pour les populations les plus touchées par le conflit armé, les communautés indigènes du département du Chocó sont victimes d’atteintes aux droits humains.

La réalité semble avoir dépassé les mesures proposées par l’État pour faire face à la recrudescence du conflit. Les mesures déployées par l’Unité nationale de protection sont mises en difficulté par le nombre croissant d’homicides de défenseur-e-s des droits humains en 2017, depuis la signature de l’accord de paix.

Les violences ont des conséquences dramatiques dans le département. Il est vital que les autorités colombiennes prennent des mesures de prévention et de protection exhaustives permettant de garantir le respect des droits humains, conformément aux normes internationales en matière de réparations et de garanties de non-répétition. Cela est indispensable pour instaurer la paix sur le territoire. Ces mesures individuelles et collectives doivent être élaborées avec la participation des personnes et des communautés affectées, afin de souligner l’importance capitale des victimes dans la mise en œuvre de l’accord de paix.

Les perspectives pour l'avenir ne sont pas prometteuses. Parfois, lorsque nous parlons de ce sujet, les gens pensent que nous ne sommes pas d'accord avec le processus de paix, mais ce n'est pas le cas. Au contraire, nous craignons que la situation provoque une nouvelle guerre. Lorsque l'on a vécu le conflit, on ne souhaite pas voir l'histoire se répéter. Toutes les communautés du Chocó ont opté pour la paix, dans l'espoir que leurs droits soient garantis.

Un responsable afrocolombien victime du massacre de Bojayá en septembre 2017

Téléchargez le rapport complet d’Amnesty International sur la situation dans le département du Chocó un an après la signature de l’accord de paix avec les FARC