Il était silencieux, mais on voyait qu’il souffrait terriblement (Arabie saoudite)

Raif Badawi, créateur d’un site Internet destiné au débat politique et social, est détenu dans une prison saoudienne depuis le 17 juin 2012 © DR.
Raif Badawi, créateur d’un site Internet destiné au débat politique et social, est détenu dans une prison saoudienne depuis le 17 juin 2012 © DR.

Un témoin raconte la flagellation, vendredi 9 janvier, de Raif Badawi, militant saoudien condamné à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet pour avoir créé un site Internet destiné au débat public. Pour des raisons de sécurité, ce témoin n’est pas identifié.

« Lorsque les fidèles ont vu le fourgon de police devant la mosquée, ils ont su que quelqu’un allait être flagellé aujourd’hui.

Ils ont formé un cercle. Des passants les ont rejoints et la foule s’est agrandie. Mais personne ne savait pourquoi l’homme amené là allait être puni. Est-ce un meurtrier, demandaient-ils ? Un criminel ? Est-ce qu’il ne prie pas ?

Raif Badawi avait été conduit sur l’esplanade devant la mosquée d’Al Jafali, à Djedda, peu après midi. La présence des forces de sécurité était considérable – non seulement autour de Raif, mais aussi dans les rues et aux abords de la mosquée. Certaines voies avaient également été fermées.

Raif a été escorté depuis un bus et placé au milieu de la foule, gardé par huit ou neuf policiers. Il était menotté et entravé aux pieds, mais son visage n’était pas couvert – tout le monde pouvait le voir.

Toujours entravé, Raif s’est levé au milieu de la foule. Il était vêtu d’un pantalon et d’une chemise.

Un agent des forces de sécurité s’est approché de lui par derrière avec un énorme bâton et a commencé à le frapper.

Raif a levé la tête vers le ciel, en fermant les yeux et en courbant le dos. Il était silencieux, mais on voyait à son visage et son corps qu’il souffrait terriblement.

L’agent a frappé Raif dans le dos et sur les jambes, en comptant les coups jusqu’à atteindre 50.

Le châtiment a duré environ 5 minutes. Il a été très rapide, sans pause entre les coups.

Quand il s’est terminé, la foule a crié : « Allahu akbar ! Allahu akbar ! » – comme si Raif avait été purifié.

Raif a été emmené dans le bus et reconduit en prison. La scène a duré moins d’une demi-heure au total. »

Pour en savoir plus :

La flagellation de Raif Badawi en Arabie saoudite est un acte d’extrême cruauté (communiqué de presse, 9 janvier 2015)

Agissez ! : Arabie saoudite : demandez la libération du blogueur Raif Badawi