Sept questions que vous vous posez peut-être au sujet des noyades de réfugiés et de migrants en Méditerranée

Avec environ 1 700 réfugiés et migrants ayant probablement péri noyés depuis le début de 2015, c’est une véritable catastrophe humanitaire qui se profile en Méditerranée. Tandis que les dirigeants de l’Union européenne (UE) réfléchissent à la réponse à apporter, penchons-nous sur les raisons de cette crise et voyons ce que nous pouvons faire pour aider.

Photo : Manifestation de militants d’Amnesty International contre les noyades de migrants en Méditerranée, Brighton, Royaume-Uni, 22 avril 2015. © Amnesty International

1. Pourquoi y a-t-il tant de noyades en Méditerranée ?

Depuis le début de l’année, les réfugiés et les migrants sont plus nombreux que jamais à tenter la traversée vers l’Europe. Ils naviguent dans des bateaux surchargés et dangereux, sous le contrôle de passeurs sans scrupules.

Quand leurs embarcations chavirent ou sont victimes d’avaries, il n’y pas toujours quelqu’un dans les environs pour les secourir. À la fin de l’année 2014, l’Italie et l’UE ont décidé de mettre un terme à l’opération humanitaire de la Marine italienne, Mare Nostrum, qui avait permis de secourir plus de 166 000 personnes en un an.

L’UE a remplacé cette opération par une autre de bien moindre envergure, appelée Triton. Celle-ci s’occupe principalement de patrouiller le long des frontières, à proximité des côtes, mais ne mène pas d’opérations de sauvetage en pleine mer. En outre, ses bateaux sont plus petits et elle dispose de moins d’avions, d’hélicoptères et de personnel.

En conséquence, la responsabilité des opérations de recherche et de sauvetage échoit en grande partie aux garde-côtes et aux navires marchands.

2. Pourquoi ces gens empruntent-ils la voie de migration la plus meurtrière du monde ?

L’Europe est devenue une forteresse quasiment impénétrable. Il est maintenant extrêmement difficile pour les réfugiés d’atteindre un pays de l’UE de façon sûre et légale.

De nombreuses personnes fuient des conflits, la misère, des violences ou des persécutions. Elles n’ont guère d’autre choix que de payer plusieurs milliers de dollars à un passeur pour traverser la mer sur un rafiot.

Le fait que ces gens fassent ce terrible choix en dit long sur ce qu’ils fuient. Jean est l’un des 88 survivants d’un bateau secouru près de Malte en janvier. Environ 35 des passagers qui voyageaient avec lui sont morts, notamment d’hypothermie et de déshydratation. Il nous a raconté avoir fui la Côte d’Ivoire après avoir été menacé par sa famille parce qu’il s’opposait à ce que sa fille subisse des mutilations génitales féminines.

Une fois arrivé en Libye, « les passeurs étaient armés. Certains d’entre nous avaient peur et ne voulaient pas y aller, mais les passeurs nous empêchaient de faire demi-tour. Ils ne nous ont donné aucune carte, rien. Ils nous ont juste dit : “Allez tout droit et vous arriverez en Italie ” ! »

3. D’où viennent ces gens exactement ?

Beaucoup – dont des familles avec de jeunes enfants – ont fui des pays ravagés par la guerre, comme la Syrie, l’Afghanistan, le Soudan et l’Irak. D’autres ont été persécutés pour leurs opinions politiques, torturés, voire menacés de mort s’ils restaient.

En 2014, les Syriens et les Érythréens ont représenté près de la moitié des quelque 170 000 personnes qui sont arrivées en Italie par la mer. Mais un plus grand nombre encore sont originaires d’Afrique subsaharienne et fuient les conditions de vie difficiles et la misère.

4. Pourquoi l’Europe devrait-elle les aider ?

C’est une question de vie ou de mort. Il serait inhumain et injustifiable que les gouvernements européens ne prennent pas de mesures suffisantes pour aider immédiatement ces personnes. C’est comme si on relevait le pont-levis alors que des femmes, des hommes et des enfants meurent au pied des remparts.

Le droit de demander l’asile est un droit humain – une composante essentielle des accords internationaux sur les réfugiés que la quasi-totalité des gouvernements ont ratifiés après la Seconde Guerre mondiale.

Or, les gouvernements européens compliquent incroyablement les choses pour ces personnes qui ont déjà subi tant de malheurs. Par exemple, seulement 40 137 places au total ont été proposées à des réfugiés syriens en vue d’une réinstallation – dont 30 000 par la seule Allemagne. En comparaison, les cinq pays voisins de la Syrie ont accueilli à eux seuls 3,9 millions de réfugiés.

5. Que peut faire l’Europe aujourd’hui pour arrêter cette hécatombe ?

Tous les pays européens doivent de toute urgence s’atteler au lancement d’une opération humanitaire de sauvetage en mer, ce qui implique de partager les coûts d’un nombre suffisant de bateaux, d’avions, d’hélicoptères et de personnel pour sauver les réfugiés et les migrants qui traverseront la Méditerranée à partir de maintenant.

En attendant que l’organisation nécessaire soit mise en place, les pays doivent apporter à l’Italie et à Malte un soutien financier et logistique suffisant pour leur permettre de renforcer leurs opérations actuelles de recherche et de sauvetage.

6. Que doit-il se passer à long terme ?

Les gens ne cesseront pas de fuir la guerre, les persécutions et la pauvreté. En conséquence, lorsque l’UE définira son nouveau programme en matière d’immigration au mois de mai, elle devra leur proposer des moyens sûrs et légaux de demander l’asile en Europe, sans risquer leur vie.

Les gouvernements européens doivent aussi offrir à davantage de réfugiés la possibilité de changer de vie via une réinstallation sur leur territoire.

7. Que puis-je faire pour aider ?

Signez notre pétition aux gouvernements de l’UE, et faites-la circuler largement dans vos réseaux. Ensemble, nous pouvons prouver que les Européens ne sauraient en aucun cas tolérer que la Méditerranée devienne un cimetière.