Le plan d’action chinois pour les droits humains met l’accent sur les droits économiques, au détriment des libertés civiles

Les autorités chinoises ont lancé un plan national d’action pour les droits humains qui, dans certains cas, fixe des objectifs concrets pour 2010. Amnesty International salue cette initiative, estimant que c’est là le signe de l’importance croissante qu’accordent les autorités chinoises à la protection des droits fondamentaux et au respect des normes internationales relatives à ces derniers.

L’organisation a déclaré que si les objectifs décrits étaient atteints, ils représenteraient des avancées notables sur le terrain des droits humains, mais a également déploré quelques lacunes de taille dans le plan.

« L’accent est mis sur les droits économiques, sociaux et culturels, au détriment des droits civils et politiques, a déclaré Roseann Rife, directrice du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Il doit cependant être souligné que les Chinois ne peuvent exercer les uns en étant privés des autres. »

Le plan d’action n’apporte pas de solutions à de nombreuses violations graves des droits humains perdurant en Chine.

Ces atteintes incluent : le harcèlement, les arrestations et le maintien en détention de défenseurs des droits humains et de prisonniers d’opinion, visés uniquement car ils ont fait l’exercice du droit à la liberté d’expression qui est le leur ; la censure d’Internet et d’autres médias ; et le recours persistant à diverses formes de détention administrative, en particulier la rééducation par le travail, qui prive des personnes de leur liberté pendant des périodes pouvant atteindre quatre ans sans leur donner la possibilité d’être jugés dans le cadre d’un procès équitable.

Dans divers domaines en relation avec les droits civils et politiques, par exemple la peine de mort, la torture ou encore la liberté de religion, les nouvelles propositions ne sont qu’une redite de lois et politiques existantes n’ayant pas suffi à protéger les droits humains.

« Pour que le plan d’action de la Chine en matière de droits humains ait un réel impact sur le terrain, les autorités devront prendre des mesures concrètes qui amélioreront de manière notable la vie des Chinois, a ajouté Roseann Rife. Il faut notamment que soient adoptées des mesures permettant de s’attaquer à des violations spécifiques des droits humains civils et politiques, à l’instar de celles suggérées dans les conclusions et recommandations des mécanismes de suivi et des organes de surveillance de l’application des traités des Nations unies. »

En novembre 2008, un expert du Comité contre la torture des Nations unies a fait remarquer qu’il existait des disparités importantes entre les dispositions du droit relatives à la protection contre la torture et leur mise en œuvre sur le terrain.

Ayant signé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) ainsi que la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la Chine est tenue de protéger les droits civils et politiques couverts par ces traités.

Amnesty International a une nouvelle fois engagé les autorités chinoises à ratifier le PIDCP, qu’elles ont signé en 1998. La Chine a annoncé à de nombreuses reprises par le passé qu’elle avait l’intention de le faire.