PRÉSENTATION GÉNÉRALE
On compte environ 2,3 milliards d’enfants dans le monde, ce qui représente près d’un tiers de la population mondiale totale. La loi définit les enfants comme les personnes n’ayant pas atteint l’âge de la majorité dans un pays, généralement fixé à 18 ans. Quel que soit leur âge, tous les enfants ont des droits humains, au même titre que les adultes. Cela comprend le droit de s’exprimer et de partager ses opinions, ainsi que le droit à l’égalité, à la santé, à l’éducation, à un environnement sain, à un lieu de vie sûr et à la protection contre toute forme de préjudice. Les droits des enfants sont inscrits dans la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, le traité sur les droits humains le plus ratifié au monde. Un seul des 197 États membres des Nations unies n’a pas ratifié la Convention : les États-Unis.
La Convention relative aux droits de l’enfant protège les enfants des préjudices, garantit leur croissance et leur développement et assure leur participation à la société. L’article 42 de la Convention est un engagement à informer les enfants et les adultes des droits des enfants, mais cela ne se concrétise que rarement. Le manque de connaissance des droits des enfants expose les enfants à un risque accru de violences, de discrimination et d’exploitation.
C’est pourquoi Amnesty International, Angelina Jolie et Geraldine Van Bueren QC ont co-écrit un livre pour les adolescent·e·s : Connaissez vos droits et revendiquez-les. C’est aussi pour cette raison qu’Amnesty International a créé un cours en ligne gratuit d’éducation aux droits des enfants.
On compte environ
d’enfants dans le monde.
QUEL EST LE PROBLÈME ?
Glob Partout dans le monde, les droits humains des enfants sont bafoués quotidiennement. Les enfants et les jeunes sont particulièrement victimes d’atteintes à leurs droits, car ils sont dépendants des adultes, ce qui peut parfois accroître les risques. Les enfants constituent probablement le groupe le plus exposé à la pauvreté, à la malnutrition et aux violences, et ils sont souvent touchés de manière disproportionnée par les crises des droits humains.
COMMENT LES DROITS DES ENFANTS SONT-ILS BAFOUÉS ?
Malheureusement, tous les droits des enfants sont régulièrement entravés ou bafoués. Cela peut commencer dès la naissance. On estime par exemple que 290 millions d’enfants dans le monde n’ont pas été déclarés à leur naissance et n’ont par conséquent pas d’identité juridique ou de preuve de leur existence. En conséquence, il est presque impossible pour eux de revendiquer leurs droits tout au long de leur vie, ce qui signifie qu’ils risquent de ne pas pouvoir aller à l’école, recevoir des soins de santé ou trouver un emploi lorsqu’ils grandiront. Les filles dans les pays à revenu faible n’ont que 50 % de chances d’avoir un jour une identité juridique et de bénéficier des droits et services auxquels elles devraient pouvoir prétendre.
Dans le monde, plus de 61 millions d’enfants ne vont pas à l’école primaire. On estime que 150 millions de filles et 73 millions de garçons sont victimes d’agressions sexuelles chaque année. Dans certains pays, des fillettes âgées de neuf ans seulement sont mariées de force et des enfants de seulement six ans sont jugés comme des adultes devant des juridictions pénales. Au moins 330 000 enfants sont retenus dans des centres de détention des services de l’immigration dans 80 pays chaque année, simplement parce que ce sont des migrant·e·s ou des réfugié·e·s. De nombreux enfants sont séparés de force de leurs parents et de leur famille.
En 2019, un enfant sur six vivait dans une extrême pauvreté, une situation qui expose les enfants à un risque accru de violence familiale, de travail des enfants, d’exploitation sexuelle, de grossesse chez les adolescentes et de mariage précoce. Ce chiffre a considérablement augmenté pendant la pandémie de COVID-19.
En 2020, près de 820 millions d’enfants n’avaient pas accès à des installations de base pour se laver les mains à l’école, ce qui bafoue leur droit à la santé et les expose à un risque accru de contracter et de propager des maladies.
QU’EN EST-IL DU DROIT DES ENFANTS DE S’EXPRIMER ?
L’un des principes généraux de la Convention relative aux droits de l’enfant est que les enfants ont le droit de participer à toutes les décisions qui les concernent et d’être écoutés dans ce contexte. Le droit à la participation est lié au niveau de maturité des enfants et s’applique en conséquence. Cela est destiné d’une part à soutenir leur évolution, et d’autre part à aider chaque personne à prendre des décisions mieux informées. Cela renforce la société.
Tout comme les adultes, les enfants ont le droit d’exprimer leurs opinions et de manifester pacifiquement. Aujourd’hui, partout dans le monde, des jeunes et des enfants utilisent ce droit. Ils se soulèvent pour exiger la justice climatique et l’égalité raciale, entre autres. Pourtant, leurs points de vue sont encore régulièrement ignorés ou discrédités.
ÉTUDES DE CAS
JANNA JIHAD, PALESTINE
Janna Jihad est une adolescente qui a grandi dans le village de Nabi Salih, situé au nord de Ramallah, en Cisjordanie. Ce village fait partie des territoires palestiniens qui sont sous occupation militaire israélienne depuis 1967.
Janna et les enfants palestiniens comme elle sont privés de leurs droits et sont victimes de discriminations au quotidien. L’armée israélienne arrête régulièrement des enfants dans ce village, le plus souvent lorsqu’elle organise des descentes dans leurs maisons au milieu de la nuit, quand les familles dorment. Les enfants luttent pour bénéficier de leur droit à l’éducation et de leur droit de circuler librement, en raison des barrières et des postes de contrôle qui ralentissent tout déplacement. Le trajet pour aller à l’école qui devrait prendre quelques minutes peut prendre parfois plusieurs heures. Les gens ont du mal à se rendre au travail et avoir un salaire pour soutenir leurs familles. Lorsqu’une personne est malade, il est presque impossible d’aller à l’hôpital.
En 2009, lorsque Janna avait trois ans, les habitant·e·s de son village ont exercé le droit de manifester pacifiquement et commencé à organiser des rassemblements hebdomadaires. Ces manifestations ont été brutalement réprimées. Lorsqu’elle avait sept ans, l’oncle de Janna, qui était aussi son ami, a été tué par l’armée israélienne. Janna a filmé ce qui s’était passé avec le téléphone de sa mère et a révélé la vérité. Une fois adolescente, ses vidéos en direct étaient regardées par des centaines de milliers de personnes dans le monde. En 2018, à l’âge de 12 ans, Janna est devenue la plus jeune journaliste titulaire d’une carte de presse. Pourtant elle est la cible de nombreuses menaces en raison de son travail.
Je me suis lancée dans le journalisme à l’âge de sept ans parce que je voulais que le monde entier voie ce qui se passe ici et sache que nous vivons dans la peur et l’incertitude. Je veux une vie normale, une enfance normale.
Janna Jihad
KHAIRIYAH RAHMANYAH, THAÏLANDE
Khairiyah Rahmanyah est née dans une famille de pêcheurs, dans le sud de la Thaïlande. La mer près de chez elle est riche en fruits de mer et est le refuge d’espèces marines en danger, comme les tortues de mer et les rares dauphins roses. En 2020, alors qu’elle avait 17 ans, Khairiyah a lancé une campagne contre le projet du gouvernement thaïlandais de transformer les terres sur lesquelles se trouve son village, dans le district de Chana, en zone industrielle. Elle a passé des heures à faire des piquets de grève et a parcouru 1 000 kilomètres jusqu’au siège du gouvernement à Bangkok pour remettre une lettre au Premier ministre le priant instamment d’interrompre le projet de développement. En conséquence, le gouvernement a décidé de reporter sa décision.
Khairiyah a dit “Je suis vraiment fière de représenter les récits de mon village. Je suis née dans un contexte de militantisme et je me suis battue pour protéger mon village depuis l’enfance. Il a été difficile de vivre dans ce contexte et je veux que la vie soit différente pour les générations à venir. En tant qu’enfants, nous devons être autorisés à apprendre quels sont nos droits et il revient aux adultes de nous encourager à le faire, de nous en donner les moyens et de nous aider.”
En tant qu’enfants, nous devons être autorisés à apprendre quels sont nos droits et il revient aux adultes de nous encourager à le faire, de nous en donner les moyens et de nous aider.
Khairiyah Rahmanyah
QUE FAIT AMNESTY ?
DUCATION MONDIALE AUX DROITS HUMAINS
Le savoir est la clé.
L’article 42 de la Convention relative aux droits de l’enfant requiert des gouvernements qu’ils « s’engagent à faire largement connaître les principes et les dispositions de la présente Convention, par des moyens actifs et appropriés, aux adultes comme aux enfants. »
Pour appuyer l’article 42, Amnesty International, Angelina Jolie et Geraldine Van Bueren QC (l’une des rédactrices de la Convention relative aux droits de l’enfant) ont écrit un livre destiné aux adolescent·e·s : Connaissez vos droits et revendiquez-les. Il explique les droits des enfants, montre ce qui se passe lorsqu’ils sont bafoués, met en avant le puissant travail de jeunes militant·e·s et fournit un outil aux jeunes lecteurs et lectrices pour leur permettre de comprendre la loi, de se mobiliser et de revendiquer leurs droits.
Le livre est publié au Royaume-Uni depuis le 2 septembre 2021, et peut être pré-commandé en Australie, en Grèce, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. Il sera également disponible prochainement au Danemark, en Allemagne, en Corée du Sud et en Roumanie. Nous espérons que le livre sera publié dans tous les pays.
Amnesty International a également créé un cours en ligne de présentation des droits des enfants, destiné aux jeunes et aux adultes. Il est gratuit et il faut 90 minutes pour le terminer. Il comprend des entretiens avec des enfants militants, des activités d’apprentissage à suivre à son propre rythme et des idées d’actions à mener sur les droits des enfants.
ÉTUDES DE CAS
ENFANTS YÉZIDIS EN IRAK
L’article 39 de la Convention relative aux droits de l’enfant requiert des gouvernements qu’ils « prennent toutes les mesures appropriées pour faciliter la réadaptation physique et psychologique et la réinsertion sociale de tout enfant victime de toute forme de négligence, d’exploitation ou de sévices, de torture ou de toute autre forme de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ou de conflit armé. »
Le sort des enfants yézidis d’Irak illustre l’importance de cet article. Entre 2014 et 2017, le groupe armé se faisant appeler État islamique a commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité contre les enfants yézidis d’Irak. Des enfants yézidis ont été enlevés et réduits en esclavage, torturés, forcés à se battre, violés et soumis à d’autres terribles atteintes aux droits humains. Des milliers d’enfants ont été tués ou enlevés.
Si des centaines d’autres enfants ont survécu et sont retournés dans leur famille en Irak, leur retour n’a pas mis fin à leurs souffrances. Ces enfants ont souffert de graves difficultés liées à leur santé physique et mentale, qu’Amnesty International a recensées dans un rapport publié en juillet 2020. Pourtant ils n’ont reçu aucune aide. Des garçons yézidis qui ont été forcés par leurs ravisseurs à se battre ont souvent été isolés par leurs proches à leur retour. Des femmes et des filles yézidies qui ont eu des enfants après avoir été réduites à l’esclavage sexuel par l’EI ont souvent subi des pressions ou des contraintes destinées à les faire abandonner leurs enfants ou ont été dupées à ces fins, en raison de pressions religieuses et sociétales.
Dans le cadre de son travail de plaidoyer, Amnesty International a demandé qu’un projet de loi sur les victimes soit étendu pour que les enfants puissent prétendre à tout programme de réparations. Le 1er mars 2021, le Parlement irakien a adopté la loi sur les femmes survivantes yézidies, qui prévoit un cadre pour les réparations et l’assistance aux femmes ayant été retenues captives par l’EI, y compris les enfants, afin de leur apporter le soutien dont elles ont besoin.
IMPACT DU CONFLIT POUR LES ENFANTS DANS LE NORD-EST DU NIGERIA
Le conflit dans le nord-est du Nigeria a eu des conséquences dévastatrices pour les enfants, comme l’a démontré Amnesty International dans son rapport intitulé « Nous avons séché nos larmes ».
Boko Haram a enlevé des centaines de filles et de garçons et les a soumis à d’autres atrocités en captivité. Le groupe a également ravagé les populations de toute la région, pillant des villages et attaquant des civil·e·s et des villages.
Au lieu de protéger les enfants fuyant les zones contrôlées par Boko Haram, l’armée nigériane les détient souvent illégalement pendant des mois voire des années et leur inflige des actes de torture et d’autres mauvais traitements. Amnesty International a également démontré que le gouvernement n’a pas veillé à ce que les enfants déplacés aient accès à une éducation adaptée.
La Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant
La Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant est le traité relatif aux droits humains le plus ratifié.
Qui l’a ratifiée : 196 des 197 États membres de l’ONU. Qui ne l’a pas ratifiée : les États-Unis.
Quatre principes généraux sous-tendent la Convention relative aux droits de l’enfant :
- le droit à la vie, à la survie et au développement ;
- la non-discrimination ;
- le droit d’être entendu·e ;
- le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Il existe trois protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant :
- le Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés ;
- le Protocole facultatif sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants ;
- le Protocole facultatif établissant une procédure de présentation de communications.