Swaziland. Des militants arrêtés à la veille de manifestations interdites

Les autorités swazies doivent assurer la sécurité de quatre militants de premier plan qui ont été arrêtés dimanche 10 avril au soir en vue, semble-t-il, de perturber les défilés prévus, a indiqué Amnesty International lundi 11 avril. Ces arrestations – qui, selon des témoins oculaires, se sont déroulées au niveau d’un barrage routier près de Mbabane – font suite aux récentes déclarations du gouvernement selon lesquelles toutes les manifestations qui auraient lieu entre le 12 et le 14 avril seraient illégales. « Nous sommes profondément inquiets pour la sécurité de ces militants, qui sont détenus au secret et risquent d’être torturés, a expliqué Michelle Kagari, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International. « Les autorités doivent veiller à ce que ces personnes puissent immédiatement bénéficier d’une assistance juridique et doivent indiquer à leurs familles où elles se trouvent. « Le fait que plusieurs des hommes arrêtés aient déjà été détenus illégalement, maltraités et victimes de descentes de police à leurs domiciles renforce les craintes quant à leur bien-être. » Les personnes arrêtées sont Maxwell Dlamini et Samkeliso (dont on ignore le nom de famille), représentants de l’Association nationale des étudiants du Swaziland (SNUS), Sifiso Mabuza, membre de la Confédération de la jeunesse du Swaziland (SWAYOCO), une organisation interdite, et Themba Mabuza, militant du Front démocratique uni du Swaziland (SUDF). L’interdiction radicale annoncée par le gouvernement le 7 avril a une incidence sur les activités planifiées par plusieurs organisations, notamment des syndicats, et constitue une violation du droit du peuple swazi à la liberté d’expression, en particulier du droit de se réunir pacifiquement. Des militants ont prévu de défiler entre le 12 et le 14 avril pour protester contre les conditions politiques, sociales et économiques qui règnent dans le pays. Des formations politiques et des organisations de la société civile locales considèrent le 12 avril comme la date anniversaire de la déclaration du roi qui a instauré en 1973 l’état d’urgence, toujours en vigueur. Ces derniers jours, la police et l’armée ont dressé des barrages routiers sur tout le territoire pour tenter, semble-t-il, de perturber l’organisation des manifestations qui doivent se dérouler dans la semaine et d’arrêter les organisateurs présumés de ces rassemblements. Par ailleurs, le domicile d’au moins un syndicaliste de premier plan a fait l’objet d’une descente et d’une perquisition lundi 4 avril en début de journée. « Si le défilé de demain a bien lieu, la police swazie devra faire preuve de retenue et ne pas avoir recours à une force excessive », a ajouté Michelle Kagari.