Burundi. Un retrait de la CPI ne doit pas entraver le cours de la justice concernant des abus commis dans le cadre de la crise

Le vote qui s’est tenu au Parlement burundais mercredi 12 octobre sur le retrait du Burundi de la Cour pénale internationale (CPI) s’inscrit dans les manœuvres continues du gouvernement pour priver de justice les victimes de violations des droits humains commises depuis le début de la crise en avril 2015, a déclaré Amnesty International mercredi 12 octobre.

« Ce vote, à l’heure où la CPI examine des allégations de crimes commis au Burundi, met en évidence la réticence du gouvernement à rendre justice aux victimes », a déclaré Muthoni Wanyeki, directrice régionale pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs à Amnesty International.

Ce vote, à l’heure où la CPI examine des allégations de crimes commis au Burundi, met en évidence la réticence du gouvernement à rendre justice aux victimes.

Muthoni Wanyeki, directrice régionale pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs à Amnesty International

« Les tentatives actuelles du Burundi visant à entraver la coopération avec des organes de protection des droits humains et des mécanismes de justice internationale sont profondément inquiétantes, et constituent pour les victimes une injustice de plus, qui doit cesser. L’intervention d’organes internationaux et régionaux devrait être vue comme une chance plutôt qu’une menace. »

Le vote a été soutenu par 94 des 110 membres de l’Assemblée nationale, après avoir reçu l’approbation du gouvernement, et a été adopté par le Sénat à l’unanimité le même jour. Le président doit désormais donner son feu vert pour que la loi soit promulguée. Cependant, même si le gouvernement déclenche la procédure officielle de retrait, l’examen préliminaire entamé par la CPI sur des crimes qui auraient été commis au Burundi peut et doit se poursuivre.

Cette semaine, trois experts indépendants des Nations unies et de l’Union africaine ont été déclarés indésirables dans le pays. Le gouvernement a par ailleurs suspendu toute coopération avec le bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies dans le pays.

La crise actuelle au Burundi a commencé début 2015, après que le président Pierre Nkurunziza a décidé de briguer un troisième mandat, une décision vue par beaucoup comme une violation de la Constitution. Selon les Nations unies, au moins 564 personnes ont été tuées et plus de 300 000 ont fui le pays, la plupart vers des camps de réfugiés en Tanzanie et au Rwanda voisins.