Angola. Les autorités doivent libérer la tiktokeuse détenue arbitrairement depuis un an

À l’occasion du premier anniversaire de l’incarcération de la tiktokeuse angolaise Ana da Silva Miguel, aussi connue sous le nom de Neth Nahara, détenue pour avoir critiqué le président João Lourenço dans une vidéo sur TikTok, la directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, Vongai Chikwanda, a déclaré : 

« Les autorités angolaises doivent libérer immédiatement Ana da Silva Miguel, alias Neth Nahara, qui vient de passer un an derrière les barreaux alors qu’elle n’aurait même jamais dû être emprisonnée. 

Les autorités angolaises utilisent le Code pénal de façon abusive pour tenter de réduire au silence l’opposition pacifique

Vongai Chikwanda, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe

« La condamnation de Neth Nahara pour “outrage à l’État” est absurde, et sa peine a été prolongée de six mois à deux ans à la suite d’un procès en appel entaché d’irrégularités. Les autorités angolaises utilisent le Code pénal de façon abusive pour tenter de réduire au silence l’opposition pacifique. En effet, la Constitution angolaise protège explicitement la liberté d’expression, qui inclut l’expression d’opinions politiques sur les réseaux sociaux. 

« Les autorités doivent aussi libérer quatre autres personnes qui sont détenues arbitrairement depuis plus de 10 mois alors qu’elles n’ont fait qu’exercer pacifiquement leurs droits fondamentaux de manifester et de s’exprimer. » 

Complément d’information 

Les autorités ont arrêté Neth Nahara le 13 août 2023 à son domicile de Luanda, la capitale angolaise, après qu’elle eut diffusé sur TikTok une vidéo en direct critiquant le président João Lourenço. 

Le lendemain, un tribunal de première instance l’a déclarée coupable d’« outrage à l’État, à ses symboles et à ses organes » en vertu de l’article 333 du Code pénal angolais. Elle a été condamnée à six mois de prison assortis d’une amende d’un million de kwanzas, soit environ 1 200 dollars des États-Unis. 

Neth Nahara n’aurait même jamais dû être emprisonnée

Vongai Chikwanda, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe

Le 27 septembre, à la suite d’un recours du ministère public, une juridiction de seconde instance a prolongé sa peine, la portant à deux ans de réclusion. Le tribunal n’a pas autorisé les avocats de Neth Nahara à présenter un contre-appel, comme la loi les y autorise, et n’a pas répondu à leur plainte sur les irrégularités de procédure. 

En détention, Neth Nahara a été privée de ses médicaments quotidiens contre le VIH pendant huit mois. 

Les autorités angolaises utilisent régulièrement l’article 333 du Code pénal pour justifier la détention arbitraire de personnes qui les critiquent. Quatre militants (Adolfo Campos ; Hermenegildo Victor José, alias Gildo das Ruas ; Abraão Pedro Santos, alias Pensador ; et Gilson Moreira, alias Tanaice Neutro) sont toujours incarcérés depuis leur interpellation par la police le 16 septembre 2023, alors qu’ils tentaient de rejoindre une manifestation à Luanda.