Pologne/Bélarus. Il faut protéger un groupe d’Afghan·e·s bloqués à la frontière

  • Des porte-paroles rentrés d’une mission à la frontière sont disponibles pour des entretiens

La Pologne doit ouvrir ses portes et fournir une assistance humanitaire à un groupe de 32 personnes venues d’Afghanistan, retenues à la frontière entre la Pologne et le Bélarus sans nourriture, eau propre, abri, ni médicaments depuis deux semaines, après avoir été illégalement renvoyées de force par la Pologne.

Les garde-frontières polonais et bélarussiens retiennent ces personnes dans une zone exiguë à la frontière, les deux pays se renvoyant la responsabilité de ce groupe composé de quatre femmes, 27 hommes et une jeune fille de 15 ans.

Le 24 août, une délégation d’Amnesty International s’est rendue à Usnarz Górny, où se trouve ce groupe depuis plus de 15 jours. Amnesty International a également obtenu des informations selon lesquelles les garde-frontières polonais ont recouru à la force et ont menacé d’employer la violence lorsqu’ils ont renvoyé le groupe vers le Bélarus.

Ces personnes fuient une situation désespérée en Afghanistan. En les entourant de garde-frontières armés, la Pologne se montre insensible face à leur détresse.

Aleksandra Fertlińska, chargée de campagne à Amnesty International Pologne

Il n’est pas permis aux avocat·e·s, ni aux professionnel·le·s de santé de se rendre auprès de ces personnes afin de les assister dans le cadre de leurs demandes d’asile. Des observateurs des droits humains se sont par ailleurs vu interdire tout contact direct avec le groupe.

Selon certaines informations, des garde-frontières bélarussiens aident des gens à passer en Pologne et en Lituanie. Le 6 juillet, le président Alexandre Loukachenko du Bélarus a fait savoir qu’il n’empêcherait personne de franchir la frontière.

La semaine dernière, le gouvernement polonais a annoncé des modifications dans deux lois, dont une porte sur les ressortissant·e·s étrangers, et l’autre sur les protections accordées aux ressortissant·e·s étrangers. En vertu de ces modifications, il est impossible pour les personnes en situation irrégulière de franchir la frontière afin de demander l’asile en Pologne. Le 20 août, le ministre polonais de l’Intérieur a émis l’ordre de fermer les frontières aux personnes entrant dans le pays « de manière irrégulière » et de les obliger à quitter le territoire polonais immédiatement et jusqu’à nouvel ordre.

En vertu du droit communautaire et international relatif aux réfugié·e·s, la Pologne est tenue de garantir l’évaluation individuelle de toutes les demandes d’asile. Amnesty International demande au gouvernement polonais de mettre fin aux renvois forcés illégaux, d’abroger la modification relative à la fermeture des frontières, et de garantir l’accès au territoire national aux personnes en quête de protection.

Au fil des années, des violations flagrantes des droits des réfugié·e·s et des personnes demandant l’asile se sont multipliées à diverses frontières de l’UE, dans un climat d’impunité. Dans les faits, les renvois forcés illégaux et les barrières érigées par certains gouvernements sont devenus des éléments essentiels de la politique migratoire de nombreux pays.

Aleksandra Fertlińska, chargée de campagne à Amnesty International Pologne

« Ces personnes tentent de se mettre en sécurité. La seule réponse adaptée de la part de la Pologne et des autres pays européens partageant une frontière avec le Bélarus consisterait à honorer leurs obligations internationales, faire preuve de solidarité et veiller à ce que les personnes en quête d’asile aient accès à leur territoire et à des procédures d’asile. »