Réagissant à la décision de l’Institut national des migrations (INM) de suspendre temporairement l’accès de toutes les associations religieuses et ONG aux centres de rétention pour migrants et centres de rétention provisoires du pays, décision qui a par la suite été réfutée par le ministère de l’Intérieur, Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International, a déclaré :
« Les déclarations contradictoires du gouvernement quant à l’interdiction de l’accès des organisations de la société civile aux centres de rétention pour migrants créent une très grave incertitude. Il n’est pas acceptable de jouer ainsi avec la vie et les droits de milliers de personnes qui sont détenues dans ces lieux et qui ont besoin de protection. »
« La décision arbitraire de l’INM entrave le travail fondamental d’assistance juridique et de contrôle de la situation des personnes migrantes et demandeuses d’asile, et place ces personnes en position de vulnérabilité. Elle met également en lumière la volonté du gouvernement mexicain d’échapper à la surveillance quant au respect de ses obligations internationales en matière de protection des droits humains. »
Les déclarations contradictoires du gouvernement quant à l’interdiction de l’accès des organisations de la société civile aux centres de rétention pour migrants créent une très grave incertitude.
Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International
« Le gouvernement mexicain doit fournir immédiatement des informations claires sur les mesures adoptées pour protéger les droits des personnes migrantes et demandeuses d’asile, reconnaître publiquement le travail des organisations qui défendent les droits de ces personnes et donner immédiatement accès à ces organisations à tous les centres de rétention pour migrants. »
Vendredi 24 janvier, face aux nouvelles difficultés d’accès aux centres de rétention pour migrants à la frontière sud du pays et dans la ville de Mexico signalées par plusieurs organisations, Amnesty International a publié une lettre ouverte demandant au commissaire de l’INM de garantir l’accès de toutes les organisations de la société civile à tous les centres de rétention pour migrants, conformément aux recommandations formulées par plusieurs mécanismes et procédures des Nations unies.
Cependant, lundi 27 janvier, l’INM a décidé de suspendre officiellement l’accès de toutes les organisations aux centres de rétention pour migrants du pays. Quelques heures après la publication de cette information, l’INM a déclaré que de nouvelles dates d’accès seraient « reprogrammées », et peu après, le ministère de l’Intérieur s’est désolidarisé de la déclaration, créant ainsi une grande préoccupation quant au manque de coordination et à la situation des personnes migrantes. Cette décision unilatérale de l’INM, peu claire quant à la manière dont elle sera mise en œuvre, intervient alors que le gouvernement mexicain a adopté des mesures en vue d’entraver l’accès au territoire de la récente caravane de migrants venant principalement du Honduras. Les autorités mexicaines ont indiqué avoir renvoyé plus de 2 000 personnes vers ce pays en à peine neuf jours.
La décision arbitraire de l’INM entrave le travail fondamental d’assistance juridique et de contrôle de la situation des personnes migrantes et demandeuses d’asile, et place ces personnes en position de vulnérabilité. Elle met également en lumière la volonté du gouvernement mexicain d’échapper à la surveillance quant au respect de ses obligations internationales en matière de protection des droits humains.
Erika Guevara-Rosas
Amnesty International recense depuis plusieurs années les atteintes aux droits humains commises par les autorités mexicaines contre des personnes ayant besoin de protection, notamment les atteintes à leur droit de solliciter l’asile par des renvois forcés vers leur pays d’origine, ainsi que par des détentions prolongées et des détentions d’enfants, qui bafouent le droit mexicain.
De leur côté, les organisations de défense des droits des personnes migrantes au Mexique ont dénoncé à plusieurs reprises ces dernières décennies les mauvais traitements, la surpopulation et les conditions de détention inhumaines dans les centres de rétention pour migrants, qui ont des conséquences néfastes pour l’intégrité physique et morale des personnes détenues, ainsi que le harcèlement des personnes sollicitant l’asile, destiné à les dissuader de continuer la procédure et à les convaincre d’accepter l’expulsion. Cette situation n’a pas changé.