Afrique du Sud. Les défaillances de longue date du système judiciaire et les discours populistes alimentent la xénophobie

Il faut que les autorités sud-africaines assurent une protection suffisante à tous les réfugiés et migrants dans le contexte des manifestations en cours à Pretoria et de l’escalade des tensions et agressions xénophobes dans différentes parties de la province du Gauteng, a déclaré Amnesty International vendredi 24 février 2017.

Les autorités sud-africaines sont loin d’avoir pris les mesures nécessaires pour endiguer la flambée de crimes xénophobes que le pays connaît depuis au moins 2008 et pour traduire en justice les responsables présumés de ces actes

Deprose Muchena, directeur du programme Afrique australe à Amnesty International

Deux manifestations contre les inégalités criantes, la pauvreté répandue et le taux de chômage élevé se déroulent actuellement dans plusieurs quartiers de Pretoria, d’Atteridgeville et de Mamelodi. Un autre défilé, organisé dans le même secteur, vise à dénoncer la xénophobie. Une équipe d’Amnesty International est présente sur le terrain afin de suivre les événements et des porte-parole sont disponibles pour des entretiens. La situation, qui demeure tendue, est marquée par des affrontements et des violences entre les différents groupes.

« À Pretoria, l’équilibre est précaire et la situation pourrait facilement dégénérer. Afin de sortir de l’impasse en évitant un bain de sang totalement inutile, il faut que les autorités prennent toutes les mesures nécessaires pour empêcher les violences de s’intensifier et pour faciliter le rassemblement des personnes qui manifestent pacifiquement », a déclaré Deprose Muchena, directeur du programme Afrique australe à Amnesty International.

Les pouvoirs publics sont tenus de mettre en place des stratégies efficaces pour protéger les réfugiés, les migrants et les demandeurs d’asile contre les attaques xénophobes en Afrique du Sud

Deprose Muchena

L’organisation est convaincue que la récente escalade des tensions xénophobes est alimentée en partie par les défaillances de longue date de la police et du système judiciaire, notamment face aux discours populistes qui accusent les réfugiés et les migrants de divers problèmes sociaux, notamment de la criminalité et du chômage, et en font des boucs-émissaires.

« Les autorités sud-africaines sont loin d’avoir pris les mesures nécessaires pour endiguer la flambée de crimes xénophobes que le pays connaît depuis au moins 2008 et pour traduire en justice les responsables présumés de ces actes. Leur immobilisme donne l’impression inquiétante qu’elles tolèrent de tels agissements, a déclaré Deprose Muchena.

« Les pouvoirs publics sont tenus non seulement de respecter la liberté d’exprimer des frustrations liées aux problèmes socioéconomiques, mais aussi de mettre en place des stratégies efficaces pour protéger les réfugiés, les migrants et les demandeurs d’asile contre les attaques xénophobes en Afrique du Sud.

« Ils ne peuvent pas laisser la situation perdurer et doivent prendre des mesures immédiates pour protéger les personnes qui risquent le plus d’être stigmatisées et agressées en raison de leur nationalité. »