Ai Weiwei soutient l’appel demandant à Obama de gracier Edward Snowden

Artiste chinois de renommée internationale, Ai Weiwei s’associe à Amnesty International pour mobiliser des centaines de milliers de sympathisants dans le monde entier en vue d’inonder la Maison blanche de messages de soutien à Edward Snowden, dans le cadre de la plus grande campagne mondiale des droits humains lancée aujourd’hui.

La campagne Écrire pour les droits, du 2 au 16 décembre, prend aussi la défense de 10 autres cas, dont un journaliste égyptien, “Shawkan“, emprisonné et menacé d’exécution, deux militants azerbaïdjanais torturés après avoir tagué une statue, et un enseignant indonésien emprisonné parce qu’il a brandi un drapeau.

Les gens doivent être solidaires et défendre le type de société dans lequel ils veulent vivre.

Edward Snowden

« Un monde qui ne défend pas les lanceurs d’alertes et les militants est un monde qui ne prend plus de risques pour défendre l’intérêt public ou dévoiler les abus des gouvernements. Les gens doivent être solidaires et défendre le type de société dans lequel ils veulent vivre », a dit Edward Snowden.

« En dévoilant la surveillance de masse globale, Edward Snowden a entamé l’un des principaux combats pour les droits humains du 21e siècle. Sans lui, le monde ignorerait encore l’existence d’une invasion massive de la vie privée. Désormais, un mouvement pour la défense des droits humains en ligne est né », a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

Le président Obama doit écouter les voix qui soutiennent Edward Snowden dans le monde entier.

Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International

« Révéler les abus du pouvoir ne doit pas être synonyme d’exil. Le président Obama doit écouter les voix qui soutiennent Edward Snowden dans le monde entier. Ces gens veulent vivre dans un monde où ils peuvent garder pour eux les détails de leur vie privée, et où personne n’est poursuivi pour avoir dénoncé des violations des droits humains.

« Edward Snowden a clairement agi pour l’intérêt public des États-Unis et, plus largement, pour celui du monde. Le gouvernement américain n’aurait jamais dû l’accuser de quoi que ce soit. En graciant Edward Snowden, le président Obama peut finir son mandat par une rupture avec certains de ses prédécesseurs, qui privilégiaient le secret d’État au détriment des droits humains. »

Amnesty International a toujours considéré Edward Snowden comme un lanceur d’alerte et estime que personne ne doit être accusé pour avoir divulgué des informations sur les violations des droits humains. Avec PardonSnowden.org, l’American Civil Liberties Union (ACLU) et Human Rights Watch, Amnesty International a lancé une pétition le 14 septembre 2016 appelant le président Obama à gracier Edward Snowden.

Edward Snowden encourt toujours des décennies d’emprisonnement au titre de lois sur l’espionnage datant de la Première Guerre mondiale, qui mettent au même niveau un lanceur d’alerte agissant dans l’intérêt général et une personne qui vendrait des secrets à des ennemis étrangers des États-Unis. À défaut de garantie d’obtenir un procès équitable et de pouvoir faire valoir l’intérêt général pour sa défense, il reste dans les limbes en Russie, sans statut légal, passeport ni possibilité de voyager pour demander asile ailleurs.

Ai Weiwei soutient une campagne de défense des droits humains

Ai Weiwei a créé 11 nouveaux portraits en LEGO pour chacun des cas emblématiques de la campagne Écrire pour les droits de cette année. Du 2 au 16 décembre, il se joindra à des centaines de milliers de sympathisants d’Amnesty International pour envoyer des messages de soutien aux victimes des atteintes aux droits humains et des appels à l’action aux dirigeants du monde comme le premier ministre du Canada, Justin Trudeau et le président indonésien, Joko Widodo.

Portrait pixélisé d’Edward Snowden, créé par Ai Weiwei pour l'édition 2016 d’Écrire pour les droits - © Ai Weiwei
Portrait pixélisé d’Edward Snowden, créé par Ai Weiwei pour l'édition 2016 d’Écrire pour les droits – © Ai Weiwei

« Je prends part à cette campagne pour soutenir les personnes qui ont souffert parce qu’elles ont dit ou fait des choses que leur gouvernement n’approuvait pas. Comme artiste, la liberté d’expression est essentielle pour mon travail, et je sais parfaitement ce qui arrive quand elle entre en conflit avec les pouvoirs en place, ainsi que l’importance d’un soutien mondial lorsque l’État essaie de vous faire taire. Permettre aux gens de s’exprimer est la différence entre une société moderne et la barbarie », a déclaré Ai Weiwei.

L’an dernier, les personnes qui ont pris part à Écrire pour les droits ont envoyé plus de 3,7 millions de lettres, courriels, SMS messages, télécopies, tweets, etc., ce qui en fait la plus grande campagne des droits humains au monde.

Cette année, les gens écriront des messages appelant notamment :

  • le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, à arrêter la construction d’un immense barrage qui noierait plus de 80 km de terres dans la vallée de Peace River, en Colombie-Britannique, et détruirait des terrains de chasse et de pêche, ainsi que des sépultures ;
  • le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev à libérer deux jeunes militants emprisonnés et torturés après avoir peint un message politique (« Bonne fête de l’esclavage ») sur une statue de l’ancien président (et père d’Aliyev) avant son anniversaire (connu dans le pays comme « Fête des fleurs ») ;
  • le président camerounais Paul Biya à libérer Fomusoh Ivo Feh, un étudiant camerounais condamné à 10 années d’emprisonnement pour avoir transmis un SMS à un ami. Le SMS disait que même Boko Haram n’embauchait que des jeunes avec de bons résultats scolaires, une plaisanterie faisant référence à la difficulté d’obtenir un bon travail sans de bonnes qualifications ;
  • les autorités chinoises à libérer Ilham Tohti, professeur d’économie connu pour ses critiques des politiques ethniques et religieuses de la Chine dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Cet homme a été condamné à la réclusion à perpétuité pour « séparatisme ». Il s’agit d’une charge souvent utilisée contre les Ouïghours qui dénoncent des violations des droits humains.

Amnesty International demande aux gens de prendre l’injustice comme une affaire personnelle.

Salil Shetty

« Amnesty International demande aux gens de prendre l’injustice comme une affaire personnelle, et il y a peu de moyens d’action plus directs que de prendre son stylo et d’écrire une lettre à une personne courageuse pour la soutenir ou pour signaler votre vigilance aux autorités », a déclaré Salil Shetty.

« Notre campagne envoie un message : les gens sont prêts à résister aux abus de pouvoir, où qu’ils aient lieu. Il est de notre devoir de faire la lumière sur les injustices, de sorte que les gouvernements ne puissent pas les ignorer. »

Les campagnes de solidarité obtiennent la libération ou la grâce de prisonniers

Lors de la campagne de 2015, des centaines de milliers de personnes dans plus de 200 pays et territoires ont envoyé 3,7 millions (contre 3,2 millions en 2014) de messages de soutien ou d’appel à l’action en faveur de personnes et populations, du Mexique au Myanmar, victimes d’atteintes aux droits humains.

La campagne a contribué à de grandes victoires pour les droits humains dans le monde

  • RDC. Le 30 août 2016, Les jeunes militants Fred Bauma et Yves Makwambala ont été libérés sous caution, après avoir été arrêtés à une conférence de presse et accusés d’association de malfaiteurs visant à renverser le gouvernement. Jusqu’à leur libération, Fred et Yves étaient en attente d’un procès où ils auraient pu encourir la peine de mort. Des militants et des sympathisants d’Amnesty International ont écrit plus de 170 000 messages de soutien ou appels pour leur libération.[TC1] [TC1]
  • Mexique Le 7 juin 2016, Yecenia Armenta a été acquittée et libérée, après quatre ans d’emprisonnement. En 2012, pendant 15 heures, elle a été frappée, pratiquement asphyxiée, violée, et obligée à « avouer » son implication dans le meurtre de son mari. Les sympathisants d’Amnesty International ont envoyé 318 000 messages pour la défendre.
  • Myanmar Le 8 avril 2016, un tribunal a annulé les charges pesant sur Phyoe Phyoe Aung, arrêtée pour avoir organisé des mouvements pacifiques de protestation avec des étudiants. Des sympathisants du monde entier avaient envoyé plus de 394 000 lettres, courriels, tweets et autres messages de soutien pour demander sa libération. Lorsqu’elle les a remerciés, elle a déclaré : « Les organisations comme Amnesty International n’oublient jamais les personnes qui subissent des injustices dans leur combat pour la démocratie et les droits humains. Nous devons être forts et nous souvenir de l’importance de lutter tous ensemble. »
  • États-Unis. Le 19 février 2016, l’État de Louisiane a libéré Albert Woodfox, 44 ans après son premier placement en détention à l’isolement, après que trois tribunaux eurent annulé sa condamnation. Plus de 240 000 personnes sont passées à l’action pour soutenir Albert pendant la campagne Écrire pour les droits de 2015.

« Le message de solidarité d’un inconnu peut donner de la force aux personnes qui ont perdu espoir et peut faire réfléchir les autorités qui ont perdu toute compassion. Écrire une lettre peut changer une vie. C’est un fait. Vos grands-parents, vos amis, vos voisins, vos amis, vos collègues – incitez-les tous à écrire une lettre au mois de décembre, parce que tout le monde peut faire une différence », a déclaré Salil Shetty.

« Même à l’ère de la communication numérique de masse, écrire un message à quelqu’un qui subit une grave injustice est un acte puissant de solidarité qui fait une différence énorme. Écrire pour les droits dit aux victimes : ‘Nous sommes avec vous’ et, aux autorités : ‘nous vous observons’ ».