La République démocratique du Congo est appelée à se faire aider de l’ONU pour enquêter sur la mort d’un militant

Amnesty International a appelé le gouvernement congolais à mettre en place une commission d’enquête indépendante avec l’aide des Nations unies, afin que des investigations crédibles puissent être menées sur la mort d’un défenseur renommé des droits humains. Floribert Chebeya Bahizire a été retrouvé mort dans sa voiture le mercredi 2 juin au matin alors qu’il avait été convoqué la veille par la police à Kinshasa. Son chauffeur, Fidèle Bazana Edadi, n’a pas été retrouvé. Selon des informations diffusées dans la presse, le responsable de la police en République démocratique du Congo (RDC), le général John Numbi, a été suspendu de ses fonctions dimanche 6 juin. Trois membres de la police ont également été arrêtés en relation avec cet homicide. Une des personnes arrêtées, le général Daniel Mukalayi, directeur des renseignements à l’Inspection générale de la police nationale congolaise, aurait reconnu avoir tué Floribert Chebeya Bahizire sur ordre de son supérieur, le général John Numbi. « Il faut que les autorités répondent à la requête des proches de Floribert Chebeya Bahizire, qui ont demandé qu’une autopsie soit pratiquée par un expert indépendant », a déclaré Véronique Aubert, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International. « Elles doivent aussi diligenter une enquête exhaustive, impartiale et indépendante sur le sort réservé au chauffeur de Floribert Chebeya Bahizire, et veiller à ce que les familles des deux hommes soient protégées. » Samedi 5 juin, Amnesty International a demandé dans une lettre ouverte au président de la RDC, Joseph Kabila, de mettre en place avec les enquêteurs des Nations unies et les représentants de la société civile congolaise une commission indépendante chargée d’enquêter sur cet homicide. Floribert Chebeya Bahizire dirigeait le réseau national des groupes de défense des droits humains et Voix des Sans Voix (VSV), une des plus grandes organisations de défense des droits humains de la République démocratique du Congo. Il travaillait ces derniers temps sur plusieurs affaires délicates impliquant le chef de la police John Numbi. Il avait déclaré à plusieurs reprises à Amnesty International qu’il avait l’impression d’être suivi, et qu’il était surveillé par les services de sécurité. Mardi 1er juin dans la matinée, Floribert Chebeya Bahizire avait été convoqué par téléphone au bureau du général John Numbi, inspecteur général de la police, dans la commune de Ligwala, à Kinshasa. Il avait quitté son bureau à 17 heures pour se rendre à l’Inspection générale. Amnesty International a constaté au cours des douze derniers mois une dégradation de la situation des défenseurs des droits humains en RDC, où ils sont de plus en plus souvent victimes d’arrestations illégales, de poursuites en justice, de menaces téléphoniques et de convocations répétées dans les bureaux des services des renseignements.