L’Azerbaïdjan appelé à libérer un journaliste dissident

Amnesty International a appelé les autorités azerbaïdjanaises à libérer un journaliste incarcéré à la suite d’accusations de terrorisme et de diffamation fabriquées de toutes pièces, la Cour européenne des droits de l’homme ayant jugé que cet homme avait été emprisonné à tort.La Cour a estimé jeudi qu’Eynulla Fatullaïev, qui a été incarcéré en avril 2007 après avoir écrit une série d’articles critiquant les autorités, devait être immédiatement libéré. « L’Azerbaïdjan devrait saisir cette occasion de montrer qu’il est déterminé à mettre fin à sa réputation de pays qui musèle la dissidence et emprisonne ceux qui critiquent ouvertement le gouvernement », a déclaré Natalia Nozadze, chargée de recherches sur l’Azerbaïdjan à Amnesty International. Eynulla Fatullaïev a été condamné pour diffamation après avoir écrit deux articles contestant le bilan officiel du massacre de civils azerbaïdjanais perpétré dans la ville de Khojaly en 1992 durant le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans la région du Haut-Karabakh.Il a par la suite été déclaré coupable d’infractions liées au terrorisme après la publication d’un article sur les éventuelles conséquences sur l’Azerbaïdjan d’un conflit entre les États-Unis et l’Iran, les autorités azerbaïdjanaises ayant considéré qu’il s’agissait de menaces terroristes. L’article en question critiquait des décisions en matière de politique étrangère prises par le gouvernement azerbaïdjanais.Dans son arrêt la Cour européenne des droits de l’homme a indiqué que la condamnation d’Eynulla Fatullaïev pour diffamation et terrorisme violait son droit à la liberté d’expression. La Cour a estimé que le journaliste n’avait pas été jugé de manière équitable et que rien de pouvait justifier sa condamnation à une peine d’emprisonnement.Elle a déclaré qu’en tant que journaliste et personne privée Eynulla Fatullaïev n’avait pas été en mesure d’avoir une quelconque influence sur les événements hypothétiques dont il était question dans l’article.Elle est parvenue à la conclusion que les tribunaux nationaux avaient rendu une décision arbitraire en jugeant que le journaliste avait menacé l’État d’actes terroristes.L’arrêt de la Cour deviendra définitif au bout de trois mois s’il n’est pas contesté.Amnesty International pense que l’incarcération d’Eynulla Fatullaïev vise à le réduire au silence. Elle le considère comme un prisonnier d’opinion.En tant qu’État partie à la Convention européenne des droits de l’homme l’Ukraine est tenue de respecter les décisions finales de la Cour.« Les autorités doivent libérer sans délai Eynulla Fatullaïev », a conclu Natalia Nozadze.En septembre 2009, alors que la Cour européenne des droits de l’homme avait commencé à examiner son cas, Eynulla Fatullaïev a été accusé de possession d’héroïne. Amnesty International pense que cette nouvelle accusation a été forgée de toutes pièces pour le maintenir en détention. Cette accusation n’a pas été prise en compte dans l’arrêt qui a été rendu jeudi.