Au Zimbabwe, une syndicaliste est obligée de se cacher après une descente de police

Amnesty International a appelé le gouvernement du Zimbabwe à mettre fin aux manœuvres de harcèlement et d’intimidation visant une militante syndicale qui se cache depuis que la police a effectué une descente dans les locaux de son syndicat à Harare mercredi 24 février. Gertrude Hambira, secrétaire générale du Syndicat général des travailleurs de l’agriculture et des plantations du Zimbabwe (GAPWUZ), a pris la fuite après que cinq hommes et une femme, qui se sont présentés comme des agents de la Division des enquêtes criminelles (CID), ont effectué une descente au siège de ce syndicat, à sa recherche, à 12 h 30 ce mercredi. Au moment où ils sont intervenus, elle n’était pas sur place. Désormais, elle se cache par crainte pour sa sécurité. Le personnel travaillant au siège du GAPWUZ a depuis reçu plusieurs appels téléphoniques au cours desquels on leur a demandé où se trouvait Gertrude Hambira. « La police zimbabwéenne doit immédiatement cesser de harceler les défenseurs des droits humains comme Gertrude Hambira », a déclaré Véronique Aubert, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International. « Ces actions sont les dernières en date d’une série de violations des droits humains qui persistent malgré la formation du gouvernement d’union nationale en février 2009. » Vendredi 19 février, Gertrude Hambira a été convoquée à une réunion au siège de la police à Harare avec un groupe de 17 hauts responsables des services de sécurité de la police nationale, de l’armée de terre, de l’aviation militaire et de l’Organisation centrale de renseignement (CIO). Elle s’y est rendue avec deux collègues et un avocat. Elle a été interrogée au sujet d’un documentaire et d’un rapport récemment publiés par le GAPWUZ qui attirent l’attention sur la difficile situation des ouvriers agricoles au Zimbabwe. Au cours de cet interrogatoire, le groupe de responsables a affirmé que ces deux supports contenaient des allégations très graves pour lesquelles Gertrude Hambira devrait être « derrière les barreaux ».Cette dernière et ses collègues ont finalement été congédiés, mais les responsables ont prévenu qu’ils la convoqueraient de nouveau. Gertrude Hambira a déjà fait l’objet à plusieurs reprises de manœuvres de harcèlement et d’intimidation en raison de son travail de défense des droits humains. La dernière fois, en novembre 2009, des hommes armés sont entrés de force à son domicile. Au moment de cette attaque, elle n’était pas chez elle mais les membres de sa famille immédiate qui étaient présents ont été terrifiés. Ce mercredi 24 février, Amnesty International a une nouvelle fois appelé le gouvernement d’union nationale à mettre un terme au harcèlement dont les défenseurs des droits humains sont actuellement la cible. Le fait de persécuter des défenseurs des droits humains en raison de leurs activités légitimes constitue une violation de l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Amnesty International constate en permanence des opérations politisées et partisanes menées par des membres de la police nationale, en particulier de sa section chargée du maintien de l’ordre, qui visent à faire taire les défenseurs des droits humains. Le GAPWUZ défend les droits des ouvriers agricoles au Zimbabwe, notamment en mettant en avant leur situation à l’échelle nationale et internationale. Depuis 2000, des dizaines de milliers de travailleurs agricoles ont subi de violentes attaques et ont été déplacés d’exploitations agricoles commerciales.