Amnesty International a salué la libération du militant de l’opposition et musicien bélarussien Igor Koktych, qui était incarcéré depuis deux ans et demi dans un centre de détention provisoire en Ukraine.
Igor Koktych était détenu en Ukraine depuis juin 2007 car le Bélarus avait alors demandé son extradition en raison d’un meurtre qu’il est accusé d’avoir commis au Bélarus en janvier 2001 et ce, alors même qu’il a été acquitté en 2002. Il a été remis en liberté le 2 février.
Amnesty International pense qu’il a été inculpé par les autorités bélarussiennes en raison des ses activités militantes dans les domaines politique et social. L’organisation considérait Igor Koktych comme un prisonnier d’opinion.
Mardi, il a, depuis son domicile en Ukraine, remercié Amnesty International pour ce qu’elle a entrepris en sa faveur. Il a ajouté qu’il ne s’était pas encore réhabitué à la liberté et qu’il était surtout préoccupé par son état de santé.
La libération d’Igor Koktych est intervenue à la suite d’une décision de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a statué en sa faveur le 10 décembre 2009. Il avait porté plainte auprès de la Cour en octobre 2007.
Les services du procureur général ukrainien avaient déclaré qu’il ne serait libéré qu’une fois la décision de la Cour européenne des droits de l’homme devenue définitive, en mars 2010, mais il a finalement été libéré le 2 février.
La Cour européenne des droits de l’homme avait indiqué dans son arrêt qu’Igor Koktych ne devait pas être extradé vers le Belarus car il risquait, s’il y retournait, d’être soumis à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements, de ne pas être jugé dans le respect des règles d’équité des procès, et d’être condamné à mort.
La Cour a indiqué qu’il devait être libéré immédiatement dans la mesure où sa détention en Ukraine ne reposait sur aucune base juridique, et estimé que ses conditions de détention en Ukraine constituaient un traitement inhumain et dégradant.
Igor Koktych est accusé de « meurtre aggravé » : il lui est reproché d’avoir tué avec préméditation un membre de la famille d’un ami proche en janvier 2001. Un tel crime est passible de la peine capitale au Bélarus aux termes de l’article 139 du Code pénal bélarussien.
Igor Koktych a été maintenu en détention au Bélarus de janvier 2001 jusqu’à son procès, en décembre de la même année. Durant cette période, il aurait subi des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements. Il aurait notamment été roué de coups, enfermé nu dans une cellule glaciale et privé des médicaments dont il a besoin pour son asthme, ces agissement étant destinés à le forcer à « avouer ».
Il a indiqué à Amnesty International que pendant sa détention au Bélarus, le responsable des enquêtes du district de Brest lui avait dit qu’il savait qu’il n’était pas coupable, mais qu’il subissait des pressions de la part de ses supérieurs. Ce fonctionnaire a refusé de répéter ces paroles devant le tribunal.
Igor Koktych a réussi à prouver qu’il se trouvait dans une autre ville au moment du meurtre, et il a été acquitté et libéré. Ce jugement a été confirmé par la Cour suprême du Bélarus le 1er février 2002.
Après sa libération, il est parti en Ukraine, où il a fait les démarches nécessaires pour pouvoir s’y installer et y travailler, et il y a rencontré celle qui allait devenir son épouse. En avril 2002, le procureur général de la Biélorussie a fait appel du jugement et un nouveau procès s’est ouvert.
Igor Koktych est actuellement en train de demander le statut de réfugié en Ukraine. Amnesty International va continuer de surveiller l’avancement de la situation en ce qui concerne sa demande d’asile et le versement de l’indemnité ordonnée par la Cour européenne des droits de l’homme.