Des militants russes récompensés par un prix du Parlement européen

Amnesty International salue la décision prise par le Parlement européen de décerner le prix Sakharov 2009 pour les droits humains aux militants russes Oleg Orlov, Sergeï Kovalev et Loudmila Alexeïeva, représentants d’une organisation russe de défense des droits humains.

« Ce prix est une reconnaissance du travail important que mènent les défenseurs des droits humains en Russie dans des circonstances particulièrement ardues, et il leur est décerné à un moment très difficile pour eux », a déclaré Nicola Duckworth, d’Amnesty International.

Le meurtre, en juillet de cette année, de Natalia Estemirova, qui travaillait avec Oleg Orlov et Sergeï Kovalev dans l’organisation Memorial, a attiré l’attention du monde entier sur les dangers auxquels sont exposés les défenseurs des droits humains en Russie, en particulier dans le Caucase du Nord.

Sergeï Kovalev, qui est souvent appelé « la conscience de la Russie », a commencé à œuvrer pour les droits humains à la fin des années 1960. Il était un proche allié et ami d’Andreï Sakharov. Il a été envoyé dans les camps de détention soviétiques en 1974, et a par la suite été condamné à l’exil intérieur pour avoir diffusé auprès du public des informations sur des personnes détenues en raison de leurs activités en faveur des droits humains. Il est l’un des membres fondateurs du groupe d’Amnesty International à Moscou.

Loudmila Alexeïeva a rejoint la dissidence russe dans les années 1960. Elle a fait campagne pour que les dissidents arrêtés soient jugés équitablement et pour que les médias publient des informations objectives à leur sujet. Après avoir vécu plus de dix ans à l’étranger, elle est retournée en Russie en 1996 et a pris la tête de Groupe Helsinki de Moscou, la plus ancienne organisation russe de défense des droits humains.

« Je reçois ce prix comme un honneur car il porte le nom d’Andreï Dmitrievitch Sakharov, le chef spirituel du mouvement de défense des droits humains en Russie et tout simplement une immense référence dans le domaine de la défense de ces droits », a expliqué à Amnesty International Loudmila Alexeïeva.

S’exprimant au sujet de ce prix avant son attribution, Oleg Orlov, le président de Memorial, a dit à Amnesty International :

« Le prix Sakharov représente une importante reconnaissance du travail que nous accomplissons. Nous nous efforçons d’obtenir des résultats concrets dans un environnement où domine la loi de la jungle. Parfois, quand nous parvenons à sauver la vie de quelques personnes, cela peut nous paraître peu et nos collègues peuvent se sentir découragés. Cette reconnaissance est pour nous un véritable encouragement.

« Avant, nous pensions que de tels prix pouvaient nous protéger et sauver la vie de nos confrères qui travaillent dans des conditions difficiles. Mais depuis le meurtre d’Anna Politkovskaïa nous craignons qu’aucun prix ni aucune large reconnaissance ne puisse sauver la vie des défenseurs des droits humains en Russie. »

Anna Politkovskaïa, journaliste et militante des droits humains, a été assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou.

Le Parlement européen décerne depuis vingt et un ans le prix Sakharov, du nom du scientifique et dissident soviétique qui a lui-même fait partie des fondateurs de Memorial, à des personnes qui consacrent leur vie à la défense des droits humains et à la compréhension mutuelle.

Parmi les précédents lauréats on peut citer le dissident chinois emprisonné Hu Jia, Salih Mahmoud Osman, un avocat soudanais qui a défendu les droits humains dans la région troublée du Darfour au Soudan, Oswaldo Payá, un militant des droits humains cubain qui a fait campagne en faveur de la démocratie et du droit pour les Cubains de choisir leur propre gouvernement, et Aung San Suu Kyi, la dirigeante de la Ligue nationale pour la démocratie au Myanmar.