Le conflit à Sri Lanka fait de plus en plus de morts parmi les civils

Le nombre de civils tués dans le nord-est de Sri Lanka augmente alors que les combats se poursuivent entre les forces gouvernementales et les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE).

Lundi, un attentat-suicide perpétré par une femme à un poste de contrôle pour les civils fuyant la zone de conflit aurait fait 28 morts et des dizaines de blessés. Selon l’armée sri-lankaise, la femme était vêtue en civil.

Cet attentat a eu lieu dans le secteur de Vishwamadu, dans le district de Mullaitivu, pendant que des soldats fouillaient des civils qui voulaient entrer dans une zone déclarée sûre par le gouvernement. Des milliers de civils tenteraient chaque jour de se réfugier dans cette zone.

Les LTTE ont depuis longtemps recours aux attentats-suicides, et ils ont déjà pris des civils pour cible par le passé. Ils n’ont pas revendiqué l’attaque perpétrée ce lundi.

Cette tactique viole le droit international, qui interdit les attaques perfides, et elle met encore davantage en danger les civils.

« Avec le brouillage de la distinction entre civils et combattants, des milliers de simples citoyens, prêts à tout pour fuir la zone de conflit, risquent encore davantage de subir des représailles ou d’être pris entre deux feux, a déclaré Yolanda Foster, responsable des recherches sur Sri Lanka à Amnesty International.

« Les Tigres tamouls doivent renier immédiatement et publiquement le recours à des tactiques telles que les attentats-suicides commis par des personnes déguisées en civils. »

Yolanda Foster a ajouté qu’il est important de rappeler que le recours à ce type d’attaques par l’une des parties à un conflit armé ne justifie par que d’autres attaques illégales soient perpétrées en retour.

« Les forces de sécurité sri-lankaises doivent continuer de veiller à ce que leurs actions visent des cibles militaires, et non des civils », a-t-elle souligné.

D’après certaines sources, la zone déclarée sûre par le gouvernement le 21 janvier – un secteur de sept kilomètres de long par quatre kilomètres de large – ne cesse d’être pilonnée.

Selon les informations dont dispose Amnesty International, 48 personnes ont été tuées et 174 blessées lors d’un intense bombardement le 6 février. Les secteurs de Mahtalan, Thevipuram, Suthantirapuram, Moongilaru, Udayarhaddu et Vallipunam ont été pilonnés toute la journée. Amnesty International ne peut pas confirmer d’où venaient les obus.

Samedi, 126 civils, parmi lesquels 61 patients, ont été tués et 238 personnes ont été mortellement blessées lors du pilonnage du secteur de Puthukudiyirupu. Des obus ont touché l’hôpital de Ponnampalam, tuant les patients qui y étaient internés. Ce secteur a également été visé par des bombardements aériens et par des bombes à sous-munitions tirées par des canons d’artillerie.

Les personnes déplacées venant du secteur de Suthanthirapuram ont été la cible de tirs d’artillerie qui ont fait 80 morts parmi les civils et qui ont mortellement blessé 198 personnes.

« Des centaines de civils ont perdu la vie. La situation des familles prises au piège entre les parties qui s’affrontent est terrifiante. Les parties au conflit devraient interrompre leurs opérations suffisamment longtemps pour que les civils puissent partir et pour que l’aide puisse parvenir à ceux qui ne peuvent pas fuir », a expliqué Yolanda Foster.

Le gouvernement ayant restreint l’accès des médias aux zones de conflit, il est impossible de vérifier les récits qui nous parviennent de ce qui se passe sur le terrain.

Le service mondial de la BBC a indiqué lundi qu’il suspendait la rediffusion en FM de ses programmes sur la radio d’État sri-lankaise SLBC parce que cette dernière excluait de manière sélective des émissions et des bulletins d’information en anglais, cingalais et tamoul.

Selon la BBC, à de nombreuses reprises des émissions ont été partiellement rendues inaudibles par l’ajout de musique couvrant les voix. Des émissions entières ont parfois été bloquées.

« Dans une guerre sans témoins, ce sont les civils qui paient le prix du mépris des deux camps pour le droit international humanitaire », a déploré Yolanda Foster.