Chuckie Taylor, fils de l’ancien président du Libéria Charles Taylor, a été déclaré coupable d’actes de torture et de crimes connexes par une juridiction américaine jeudi 30 octobre.
Il pourrait être condamné à une peine allant de vingt ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité pour des crimes qu’il a commis au Libéria à l’époque où il était à la tête de l’Unité de lutte antiterroriste de l’ancien président du Libéria. Il lui est notamment reproché d’avoir torturé des personnes en leur administrant des décharges électriques sur les parties génitales, en les brûlant avec des cigarettes, des fers rouges et du plastique fondu, et en frottant du sel sur leurs blessures.
D’après les médias, la sentence sera prononcée le 9 janvier 2009. Chuckie Taylor a été reconnu coupable d’actes de tortures commis entre 1999 et 2003.
Il s’agit de la première déclaration de culpabilité basée sur la Loi relative à la protection des victimes de torture adoptée par les États-Unis en 1994. Chuckie Taylor est par ailleurs la première personne jugée et condamnée pour des crimes relevant du droit international commis au cours du conflit qui a déchiré le Libéria pendant une décennie et qui a pris fin en 2003.
Le procès de Chuckie Taylor (également connu sous les noms de Roy Belfast, Jr, Charles Taylor II et Charles MacArthur Emmanuel) a débuté le 28 septembre 2008 à Miami, où il a été arrêté pour des questions de passeport, devant la cour fédérale de district du district sud de la Floride.
La loi fédérale contre la torture autorise les tribunaux fédéraux américains à exercer leur compétence universelle à l’égard des personnes appréhendées aux États-Unis qui sont soupçonnées d’avoir commis des actes de torture où que ce soit dans le monde. Cette loi s’applique aux citoyens américains et aux personnes qui se trouvent aux États-Unis, sans considération de leur nationalité et du lieu où ces crimes ont été commis.
Le procès de Chuckie Taylor a eu lieu alors même que son père, Charles Taylor, était jugé par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, à La Haye. L’ancien président doit faire face à 11 chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et crimes de guerre qu’il est soupçonné d’avoir commis en Sierra Leone.
Le Libéria a été entraîné dans un conflit marqué par des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité entre 1989 et 2003. En 2006, un nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir. Or, personne au Libéria n’a encore fait l’objet d’investigations ou de poursuites pour torture ou pour d’autres crimes relevant du droit international.
De plus, le gouvernement libérien n’a pas adopté les lois nécessaires érigeant la torture en crime dans le droit national comme l’exige pourtant la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Amnesty International estime que tout comme les procureurs aux États-Unis ont commencé à s’acquitter de la responsabilité qui leur incombe au regard de la Convention contre la torture d’enquêter et d’engager des poursuites contre les personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes contre des Libériens, le gouvernement libérien devrait sans délai adopter et les lois nécessaires et les mettre en application.