Harcèlement de l’opposition au Zimbabwe à la veille des élections

Les groupes d’opposition sont victimes de harcèlement, d’intimidation et de discrimination au Zimbabwe avant les élections nationales qui auront lieu le 29 mars.

Dans certaines régions du pays, la police restreint nettement les activités des membres des partis d’opposition, alors que les sympathisants du parti au pouvoir sont libres d’exercer tous leurs droits. Amnesty International a fait savoir que le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion était abusivement limité dans certains cas à l’approche du scrutin.


« Bien que, par rapport aux élections précédentes, les partis d’opposition semblent jouir d’un meilleur accès à des zones dans lesquelles ils ne pouvaient se rendre auparavant dans le secteur rural, des actes d’intimidation, de harcèlement et de violence contre des personnes perçues comme des partisans des candidats de l’opposition continuent de nous être signalés, et dans de nombreuses régions rurales la crainte de représailles après les élections subsiste »
, a déclaré Simeon Mawanza, chercheur d’Amnesty International sur le Zimbabwe.

Le 7 mars, des agents de l’Organisation centrale de renseignements (CIO) ont ordonné à trois membres de la faction du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) conduite par Morgan Tsvangirai de décoller des affiches de campagne. Les agents du CIO ont forcé l’un des membres du groupe à mâcher et à avaler des affiches. Une femme du groupe a également été contrainte de mâcher et d’avaler les trois quarts d’un poster.

Les militants sont eux aussi en butte à des actes de harcèlement avant le scrutin. Huit membres de l’organisation Femmes du Zimbabwe, debout ! (WOZA) ont été brièvement détenus par la police pour avoir collé des affiches encourageant la population à se rendre aux urnes. Autre exemple, Simba Makoni, candidat indépendant à l’élection présidentielle, a dû intervenir lorsque cinq personnes qui s’occupaient du système de sonorisation lors de l’un de ses meetings ont été arrêtées.

Dans de nombreuses zones rurales, les denrées alimentaires sont encore utilisées à des fins politiques par le parti au pouvoir ; les personnes soupçonnées de sympathies pour l’opposition sont ainsi privées d’accès au maïs vendu à bas prix. Le mois dernier, un conseiller du MDC à Lupane s’est vu empêcher d’emmener 235 sacs de maïs qui avaient été achetés par les siens à l’Office de commercialisation des céréales (GMB), un organisme contrôlé par l’État. Un haut responsable du parti au pouvoir aurait déclaré que « le maïs du GMB n’est pas censé être distribué aux partisans du MDC ».

Amnesty International a appelé la police zimbabwéenne à respecter les droits à la liberté d’association et de réunion pacifique de tous les candidats et organisations de la société civile.


« La police doit faire en sorte que tous les Zimbabwéens puissent participer à des mouvements de protestation pacifiques avant et pendant les élections, et elle doit renoncer à toute utilisation d’une force excessive, de la torture ou d’autres traitements inhumains ou dégradants »
, a déclaré Simeon Mawanza.

Amnesty International est également préoccupée par les propos récents de responsables de la sécurité, qui ont indiqué qu’ils ne reconnaîtraient la victoire d’aucun candidat de l’opposition.


« Les responsables de la sécurité doivent agir de manière non partisane et protéger les droits de tous les citoyens,
a conclu Simeon Mawanza. La façon dont les organes en charge de la sécurité de l’État se conduiront – quel que soit le résultat de l’élection – sera cruciale pour la sauvegarde des droits de tous les Zimbabwéens dans la période post-électorale. »