Une semaine après la destruction d’habitations et de biens palestiniens par des bulldozers israéliens, les autorités ont donné leur feu vert à l’installation de caravanes dans une colonie israélienne illégale dans les territoires palestiniens occupés (TPO). On a en effet appris mercredi 26 mars que le ministre de la Défense israélien, Ehoud Barak, avait approuvé le transfert de cinq caravanes vers la colonie israélienne de Teneh Omarim.
Pas plus tard que la semaine précédente, des chars de l’armée israélienne détruisaient neuf habitations et deux enclos dans plusieurs villages palestiniens du sud de la Cisjordanie occupée. Ces opérations ont eu lieu le 19 mars dans les hameaux de Qawawis, Imneizil, Al Dairat et Umm Lasafa, situés dans les Collines du sud de Hébron.
Des familles avec des enfants font partie de ceux qui ont perdu leur maison. À Al Dairat et Umm Lasafa, l’armée israélienne a détruit les logements des frères Yasser et Jihad Mohammed al Adra, ainsi que d’Ismail al Adra. Yasser al Adra, son épouse et leurs six enfants, Jihad al Adra, son épouse et leurs cinq enfants, et Ismail al Adra, son épouse et leurs trois enfants se sont ainsi retrouvés à la rue.
L’extension de Teneh Omarim et d’autres colonies illégales dans les TPO se poursuit, en violation du droit international qui interdit à une puissance occupante de transférer sa population civile sur le territoire faisant l’objet de l’occupation.
Les colonies israéliennes sont dotées de maisons modernes et en bon état reliées au réseau électrique et au système de distribution d’eau. Les Palestiniens vivent dans la région depuis des générations, mais aucun de leur village n’est « reconnu » par les autorités israéliennes. Cela signifie qu’ils ne bénéficient d’aucun service (électricité, eau, évacuation des eaux usées, éducation, santé) et que leurs habitations et autres structures sont susceptibles d’être démolies à tout moment.
Les villageois palestiniens se voient également interdire, pour la plupart, de construire de nouvelles maisons ou d’installer des citernes recueillant l’eau de pluie pour satisfaire les besoins d’une population croissante ou pour contribuer au développement local. Aucune nouvelle structure ne peut être édifiée en l’absence d’un permis délivré par l’armée israélienne, et ces permis sont systématiquement refusés.
Les Collines du sud d’Hébron – ou Masafer Yatta comme les appellent les Palestiniens – sont une zone située à l’extrême sud des TPO. Si l’on excepte les hameaux en pierre de l’ouest de cette zone, un grand nombre des habitants vivent dans des tentes et de vastes grottes.
La plupart des Palestiniens de la région sont des bergers, mais ces dernières années la faiblesse des précipitations a réduit la surface des pâturages disponibles pour les troupeaux et les possibilités de cultiver la terre. En outre, les fréquentes attaques menées par les colons israéliens et les restrictions croissantes imposées par l’armée israélienne à leur liberté de mouvement réduisent encore un peu plus leur accès aux pâturages et leur capacité à cultiver leurs terres.
À l’inverse, les colons israéliens peuvent s’approprier de plus en plus de terres. Des Palestiniens vivaient déjà dans la région bien avant la création de l’État d’Israël, en 1948 ; d’autres sont venus s’y installer lorsqu’ils ont dû quitter leurs terres situées plus au sud en 1948.
La destruction des habitations palestiniennes s’accompagne de la destruction des moyens de subsistance, par exemple des enclos renfermant les animaux. Actuellement, la mosquée du village d’Al Tuwani fait également l’objet d’une ordonnance de démolition, tout comme une salle de classe dans le village reculé de Dqaiqa.
Les villageois palestiniens sont souvent harcelés par les colons israéliens, et les bergers palestiniens ont peur d’emmener leurs troupeaux paître à proximité des colonies israéliennes.
Depuis 2004, des bénévoles internationaux des Christian Peacemaker Teams (CPT) et d’Operation Dove sont présents à Al Tuwani, le plus gros village de la région. Ils aident à protéger les habitants et à recenser les actes de violence et de harcèlement à leur encontre. Des pacifistes israéliens se rendent aussi fréquemment sur place.
En mars 2008, au moins six attaques de bergers palestiniens par des colons israéliens ou des policiers ont été signalées ; les agresseurs ont eu recours à des violences et à des menaces d’arrestation pour contraindre leurs victimes à s’éloigner de ce qui leur a été présenté comme une « zone militaire fermée ».
De nombreux colons s’en étant pris à des enfants palestiniens sur le chemin de l’école et à leur escorte internationale, les écoliers sont désormais accompagnés par une jeep de l’armée israélienne. Mais parfois l’escorte arrive trop tard ou n’empêche pas les attaques.
Le 19 mars, deux observateurs internationaux ont été agressés par des colons israéliens alors qu’ils essayaient de suivre l’escorte militaire des écoliers palestiniens. Le 29 mars, des colons auraient jeté des pierres sur des enfants qui allaient à l’école ; l’escorte militaire n’est pas intervenue.
Amnesty International appelle les autorités israéliennes à ne plus détruire des habitations palestiniennes dans les TPO, à annuler toutes les ordonnances de démolition et à prendre des mesures en vue de prévenir et de punir les attaques des colons contre les Palestiniens et les observateurs internationaux tentant de protéger ces derniers. L’organisation demande également la fin immédiate de la construction ou de l’extension des colonies israéliennes contraires au droit international humanitaire.