Zimbabwe : le nouveau gouvernement doit combattre la culture de l’impunité

Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a signé lundi 15 septembre 2008 un accord de partage du pouvoir avec les dirigeants du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), en vue de résoudre la crise politique qui a débuté en 2000 et qui s’est fortement aggravée au cours des six derniers mois.

Cette crise est marquée par une série de violations, motivées par des considérations politiques, des droits civils, politiques, sociaux et économiques de personnes perçues comme des opposants au président Mugabe. Ceux qui ont commis ou ordonné ces violations jouissent d’une impunité quasi-totale.

Au cours de la période qui a précédé le deuxième tour de l’élection présidentielle, qui a eu lieu le 27 juin, le pays a été le théâtre d’une vague de violations des droits humains commises avec le soutien de l’État : 165 personnes ont été tuées, des milliers ont été torturées et près de 30 000 autres ont été déplacées à l’intérieur du pays. On ignore comment exactement le gouvernement d’unité nationale compte faire face aux questions essentielles que représentent la justice et l’impunité.

Amnesty International a déclaré que la validité de cet accord serait considérablement compromise s’il incluait des mesures d’amnistie ou de grâce empêchant que les auteurs de violations des droits humains soient jugés, que la vérité soit mise au jour et que les victimes bénéficient de réparations.

« Aucune entente ne devrait être conclue qui empêcherait l’émergence de la vérité, et les responsables des violations flagrantes des droits humains qui ont été commises doivent être déférés à la justice, a déclaré Simeon Mawanza, spécialiste du Zimbabwe à Amnesty International, de retour récemment de ce pays où il a rencontré des victimes de violences cautionnées par l’État.

« Les victimes de violations des droits humains demandent justice pour les crimes qu’elles ont subis, et justice leur est due. Ce serait une grande trahison pour ces victimes si les autorités nationales, régionales et internationales apportaient leur soutien à une amnistie pour les auteurs de violations des droits humains. »

Simeon Mawanza a ajouté que le Zimbabwe avait des obligations très claires aux termes du droit international et qu’il se devait de les honorer, en particulier à ce stade crucial de son histoire.

« Toute solution durable à la crise que connaît le Zimbabwe ne peut que se fonder sur le respect et la protection des droits humains », a conclu Simeon Mawanza.