Pakistan : les récents assassinats de responsables politiques opposés aux talibans annoncent une recrudescence de la violence

Au Pakistan, la nouvelle vague d’assassinats de responsables locaux opposés aux talibans dans la vallée de Swat pourrait annoncer une intensification des attaques menées par les talibans pakistanais contre des dirigeants tribaux, selon Amnesty International.Les médias ont indiqué que cinq responsables politiques et dirigeants tribaux opposés aux talibans ont été assassinés au cours des dernières semaines dans la région de Swat.« Dans le nord-ouest du Pakistan, la population est prise en tenaille entre les violences systématiques des talibans et les opérations militaires brutales du gouvernement qui ont provoqué le déplacement de millions de personnes et se sont accompagnées de centaines d’exécutions extrajudiciaires dans la région de Swat, et qui n’ont finalement pas permis de protéger les droits humains des civils de la région », a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Ne serait-ce que l’année dernière, les médias ont fait état d’au moins 40 attaques ciblées menées contre des dirigeants tribaux et des personnalités politiques locales opposés aux talibans dans les zones tribales sous administration fédérale et dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest. Au cours des cinq dernières années des centaines de dirigeants tribaux ont été attaqués par les talibans, et des centaines d’autres ont été contraints de fuir.Le gouvernement pakistanais fait de plus en plus appel aux lashkars (milices tribales) dans la lutte contre les talibans. « Les lashkars sont peu formés et ils manquent de discipline. Amnesty International a ressemblé des informations concernant de nombreux abus commis par ces milices. De plus, la création des lashkars met encore davantage en danger les civils, y compris les membres de tribus, qui peuvent être pris pour cibles en raison de leurs liens avec ces milices », a ajouté Sam Zarifi. « Le gouvernement pakistanais doit veiller à ce que les milices tribales répondent de leurs actes, et à ce que les civils membres de tribus ne soient pas pris pour cibles par les talibans en raison des activités de ces milices. »Amnesty International a récemment condamné la multiplication des attaques menées par les talibans pakistanais contre des civils, y compris contre un camp de personnes déplacées, ces attaques pouvant constituer des crimes de guerre. L’offensive lancée par l’armée pakistanaise dans la vallée de Swat en 2009 visait à soustraire la région au contrôle des talibans, mais l’armée a été accusée d’avoir mené des attaques aveugles et disproportionnées contre des zones civiles et provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes.