Qu’entendons-nous par « justice raciale » ?

Le travail en faveur de la justice raciale dans le cadre des droits humains implique d’aller au-delà de la prévention des cas individuels de discrimination à caractère raciste et de lutter contre l’oppression structurelle. Cela implique de travailler en faveur d’un changement systémique et de solutions, en ciblant les causes premières de l’oppression raciale, car celle-ci se conjugue avec le patriarcat, l’héritage du colonialisme et de l’esclavage, ainsi que l’inégalité économique.

Au cœur de ce travail se trouvent les voix des personnes subissant l’injustice raciale et leurs expériences d’atteintes aux droits humains causées par le racisme systémique.

A person wearing a face mask raises her fist in the air, surrounded by other protesters.
Des personnes manifestent après la mort de Joao Alberto Silveira Freitas, à Porto Alegre, au Brésil, le 23 novembre 2020. © AFP via Getty Images

Qu’est-ce que le racisme systémique ?

Le racisme systémique peut être défini comme les politiques et pratiques existant dans l’ensemble d’une société qui entraînent un avantage constant et inéquitable pour certaines personnes et un traitement injuste ou néfaste pour d’autres, en fonction de l’origine ethnique.

Le racisme systémique peut se manifester de nombreuses manières, notamment par :

  • Le fait que les personnes d’un groupe en particulier et les valeurs et habitudes de ces personnes soient considérées comme « normales » alors que les personnes appartenant à d’autres groupes sont considérées comme « anormales ».
  • Le pouvoir politique de refuser des droits fondamentaux aux personnes de couleur et de mobiliser tout le pouvoir de l’État pour faire appliquer la ségrégation et l’inégalité.
  • Le pouvoir social de refuser d’inclure pleinement les personnes de couleur dans la vie associative ou de les laisser y adhérer.
  • Le pouvoir économique qui privilégie les personnes blanches en matière d’obtention de postes, d’évolution de carrière, de richesse et d’accumulation de biens.
A person shouting with a megaphone whilst police officers stand in the background.
Des policiers portent des tenues antiémeutes pendant que des manifestant·e·s se rassemblent devant l’hôtel de ville d’Arkon pour protester contre l’homicide de Jayland Walker, abattu par la police à Arkon, dans l’Ohio, le 3 juillet 2022. © Matthew Hatcher / AFP via Getty Images

Comment la discrimination raciale affecte-t-elle la société ?

En droit international, on entend par « discrimination raciale » « toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique, qui a pour but ou pour effet de détruire ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice, dans des conditions d’égalité, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social et culturel ou dans tout autre domaine de la vie publique ».

Cela peut comprendre les personnes noires et d’autres populations racisées. Cette discrimination peut frapper également les minorités religieuses ou ethniques et peut prendre des formes spécifiques lorsqu’elle vise des personnes en situation de déplacement. La discrimination raciale peut avoir de nombreuses conséquences pour les sociétés et la vie des personnes.

Maintien de l’ordre et justice pénale

Partout dans le monde, le système de maintien de l’ordre est gangréné par des pratiques racistes et discriminatoires. Certaines personnes sont touchées de manière disproportionnée par ces pratiques, notamment les personnes noires, les personnes dalits, adivasis et musulmanes et d’autres groupes marginalisés en raison de leur origine ethnique.

Ces personnes sont la cible de profilage ethnique, d’arrestations illégales, de traitements cruels, inhumains et dégradants et de violences policières pouvant entraîner la mort. Elles sont également plus souvent soumises à des contrôles d’identité, des arrestations et des incarcérations pour des infractions liées aux stupéfiants, des infractions mineures et des troubles à l’ordre public, ainsi que pour des infractions liées à l’immigration et à la criminalisation du travail du sexe.

Par exemple, pendant la pandémie de COVID-19, l’application des mesures de confinement a eu des conséquences disproportionnées pour les personnes et groupes marginalisés en raison de leur origine ethnique. Au Brésil, la « guerre contre la drogue » a été utilisée comme prétexte pour justifier le recours excessif à la force, et notamment des exécutions extrajudiciaires. Cela a entraîné la mort de milliers de personnes afro-brésiliennes vivant dans des favelas.

Through a fence, two police officers are seen searching a group of five black people, some of whom are holding out papers.
Des policiers contrôlent les papiers d’hommes appartenant à des minorités ethniques dans le quartier de Lavapiés, à Madrid (Espagne), en juin 2010. © Edu León / Fronteras Invisibles

Personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile

Une tendance alarmante de discrimination raciale, avec notamment des violences contre des personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile, s’est installée. Dans certains cas, ces traitements cruels ont constitué des crimes de droit international, touchant de manière disproportionnée les personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile noires.

En Tunisie, des remarques racistes formulées par le président ont entraîné une vague de violences contre les personnes noires dans le pays, avec notamment de violentes attaques contre des migrant·e·s et des étudiant·e·s noirs, que les autorités tunisiennes ont minimisées.

Au Qatar, les travailleurs et travailleuses migrants, particulièrement celles et ceux originaires d’Afrique et d’Asie du Sud, ont été victimes d’une discrimination liée à leur nationalité et leur origine ethnique qui a eu des conséquences dans plusieurs domaines, notamment les salaires.

En Europe, les personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile sont de plus en plus obligées d’emprunter des voies dangereuses pour accéder aux frontières européennes, en raison des efforts soutenus des responsables européens visant à bloquer les voies sûres et légales par des renvois forcés illégaux et la pénalisation des opérations de sauvetage.

A crowded boat in the sea, with people climbing off and wading through the water. A small child is carried in the foreground.
Des réfugié·e·s et des migrant·e·s arrivent sur l’île grecque de Lesbos après avoir traversé la mer Égée depuis la Turquie, le 7 novembre 2015. Près de 500 personnes sont mortes en essayant de traverser la mer Égée depuis la Turquie cette année, nombre d’entre elles dans le bras de mer étroit mais dangereux séparant Lesbos de la Turquie. © AFP via Getty Images

Accès aux services de santé

En raison des inégalités structurelles, le racisme crée des obstacles empêchant certaines personnes d’obtenir des soins de santé de qualité, ce qui peut aggraver les problèmes de santé à long terme. Souvent, ces obstacles ne sont pas liés uniquement à l’origine ethnique d’une personne ou d’un groupe, mais aussi à un ensemble d’autres facteurs, comme le genre, la sexualité, les revenus, la nationalité, la situation professionnelle et l’existence d’un problème de santé ou d’un handicap.

Le problème est courant. Par exemple, en Namibie, les Sans se heurtent à de nombreux obstacles en ce qui concerne l’accès à la santé, en raison de leur isolement géographique. Bien que la plupart des personnes vivant dans des zones rurales en Namibie se heurtent aux mêmes obstacles liés à la distance pour accéder aux établissements de santé, les nombreux autres obstacles auxquels font face les Sans, notamment le manque d’éducation, les moyens financiers limités et l’accès insuffisant aux transports publics, entravent encore davantage leur accès à ces établissements, qui se trouvent parfois à une distance de 80 kilomètres.

Accès à l’éducation

Les enfants victimes de racisme sont privés d’accès à une éducation de qualité.

Par exemple, les enfants roms sont, depuis des dizaines d’années, victimes d’une discrimination systémique constante dans l’éducation primaire en République tchèque, en Slovaquie, en Hongrie et dans d’autres pays européens.

Ces atteintes aux droits humains sont par nature systémiques et ont entraîné le placement des enfants roms dans des établissements et des classes réservés aux élèves en situation de handicap mental ou dans des établissements et classes réservés aux enfants roms, ainsi qu’un traitement différent et des préjugés dans les écoles classiques en raison de leur origine ethnique.

Silhouettes of children playing in a large school room with plants in the background.
Des enfants dans les couloirs d’une école classique dans le village de Šarišské Michaľany, dans l’est de la Slovaquie. Les enfants roms en Slovaquie subissent un traitement discriminatoire dans les écoles primaires, qui continuent de leur imposer une ségrégation et compromettent fortement leur éducation, les condamnant à une vie de pauvreté et d’exclusion. © Tanya Springer

Justice raciale et climatique

Malheureusement, l’origine ethnique, la race, la classe et la caste influent sur les inégalités liées au changement climatique et à la pollution provoquée par les combustibles fossiles.

En Inde et au Népal, les femmes et les filles appartenant à des castes « inférieures », comme les Dalits, sont plus susceptibles de subir les conséquences néfastes du changement climatique, car elles sont obligées de vivre dans des logements isolés et séparés du reste de la population. Trop souvent, ces femmes sont ignorées et négligées par les opérations humanitaires et de réadaptation et elles sont constamment privées des ressources et des occasions qui leur permettraient d’avoir une influence sur les décisions qui les concernent.

En Amérique du Nord, la pollution atmosphérique affecte de manière disproportionnée les populations racisées, particulièrement les populations noires, qui vivent plus souvent dans des quartiers situés à proximité de centrales électriques, de raffineries et d’autoroutes. Cela entraîne de plus hauts taux de maladies respiratoires et de cancers et les personnes noires sont trois fois plus susceptibles de mourir de la pollution de l’air que la population américaine moyenne.

Cela a également des conséquences néfastes pour les populations autochtones. La combustion de carburants fossiles entraîne des décès et des dégradations environnementales. Mais alors que l’économie mondiale commence à s’affranchir des énergies fossiles pour s’orienter vers des sources d’énergie renouvelable, cette transition risque également de porter préjudice aux droits humains et à l’environnement, car elle repose sur une très forte augmentation de l’extraction de métaux et de minerais. Si les entreprises minières et leurs clients poursuivent leurs pratiques, cela pourrait aggraver les atteintes aux droits humains des populations en première ligne, notamment des populations autochtones, et entraver la voie vers un avenir durable.

A group of young people carry water.
En raison de la rareté des réserves d’eau à proximité, les femmes doivent porter des conteneurs d’eau sur des kilomètres chaque jour à Satkhira, au Bangladesh. La plupart des personnes vivant sur le littoral du sud-ouest du Bangladesh sont extrêmement exposées aux effets du changement climatique, du fait qu’elles vivent dans des zones vulnérables de faible élévation, que leurs moyens de subsistance dépendent des ressources naturelles et que beaucoup sont pauvres. Certaines personnes sont confrontées à des problèmes supplémentaires dus à des discriminations profondément enracinées fondées sur l’appartenance ethnique, la religion ou la caste (c’est par exemple le cas des Dalits et du peuple autochtone Munda). © Farhan Hossain/Amnesty International

Crimes contre l’humanité et justice internationale

Amnesty International est préoccupée par la politique du deux poids, deux mesures en matière de justice internationale, et notamment par l’incapacité manifeste de la Cour pénale internationale (CPI) à amener les responsables présumés de crimes à rendre des comptes lorsqu’ils sont originaires de pays puissants et à assurer un accès équitable à la justice pour toutes les victimes de crimes de droit international.

Les récentes décisions du Bureau du procureur de la CPI de ne pas enquêter sur certains crimes dont les responsables présumés sont originaires de pays puissants, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, ou de ne pas donner la priorité à ces enquêtes amènent également à se demander si les principes de justice internationale sont appliqués de manière égale à toutes les personnes se rendant responsables de crimes, indépendamment de leur pouvoir. De même, la différence entre les financements volontairement alloués aux enquêtes en Ukraine et les limitations budgétaires imposées aux enquêtes sur d’autres situations, comme au Nigeria et en Afghanistan, risque de créer une impression de hiérarchie au sein du système de justice internationale, impliquant que les victimes de crimes de droit international n’ont pas toutes un accès égal à la justice.

De plus, l’enquête de la CPI sur les crimes perpétrés dans les territoires palestiniens occupés reste peu avancée. Parmi ces crimes figure l’apartheid, qui est un crime contre l’humanité. L’apartheid est un régime dans lequel un traitement discriminatoire prolongé et cruel est infligé par un « groupe racial » d’êtres humains à un autre dans le but de contrôler ce second groupe.

Palestinian Jihad Shawamrah stands on the ruins of his house, which he demolished in order not to face the prospect of Israeli settlers moving in, after he lost a land ownership case in Israeli courts, in the East Jerusalem neighbourhood of Beit Hanina, 19 July 2018.
Le Palestinien Jihad Shawamrah se tient sur les ruines de sa maison, dans le quartier de Beït Hanoun, à Jérusalem-Est (19 juillet 2018). Il a démoli sa maison afin de ne pas voir s’y installer des colons israéliens, après avoir perdu une affaire de propriété foncière devant les tribunaux israéliens. © Reuters/Ammar Awad

Étude de cas : L’apartheid d’Israël contre la population palestinienne

Depuis la création de l’État d’Israël, en 1948, les gouvernements qui se sont succédé ont élaboré et maintenu en place un système de lois, de politiques et de pratiques conçues pour opprimer et dominer les Palestinien·ne·s. Ce système fonctionne de différentes manières dans les différentes zones où Israël contrôle l’exercice des droits des Palestinien·ne·s, mais l’intention est toujours la même : privilégier la population juive israélienne par rapport à la population palestinienne. C’est de l’apartheid.

Les autorités israéliennes ont eu recours à quatre stratégies principales pour maintenir en place le système d’apartheid :

  • Elles séparent les Palestiniens et Palestiniennes les un·e·s des autres dans des sphères territoriales, juridiques et administratives distinctes et les privant de leur droit au retour.
  • Elles saisissent les terres et propriétés des Palestiniens et Palestiniennes, refusent de leur accorder des permis de construire, démolissent leurs logements et les expulsent de force de leur logement.
  • Elles isolent les Palestinien·ne·s dans des enclaves, sur la base de leur statut juridique et de questions de résidence.
  • Elles privent les Palestiniens et Palestiniennes de leurs droits économiques et sociaux, notamment par une attribution discriminatoire des ressources.

Mohammed Al Rajabi, un habitant Silwan, dans le territoire occupé de Jérusalem-Est, dont la maison a été détruite par les autorités israéliennes le 23 juin 2020 pour « construction illégale », a expliqué à Amnesty International l’impact dévastateur de cette démolition sur sa famille :

« Ce que je voulais, c’est qu’ils aient une maison familiale agréable, près de ceux qu’ils aiment et des membres de leur famille. Maintenant, je transmets la mémoire de la destruction de leur première maison d’enfance. »

Ce que je voulais, c’est qu’ils aient une maison familiale agréable, près de ceux qu’ils aiment et des membres de leur famille. Maintenant, je transmets la mémoire de la destruction de leur première maison d’enfance. 

Mohammed al Rajabi

Mouvements pour la justice raciale

Depuis plusieurs dizaines d’années, le mouvement pour la justice raciale prend de l’ampleur et des personnes dénoncent courageusement les injustices dans le monde.

Ces dernières années, le mouvement #BlackLivesMatter a été en première ligne du changement. Créé en 2013 en réponse à l’acquittement de l’homme ayant tué Trayvon Martin, le mouvement Black Lives Matter se bat pour éradiquer la suprématie blanche et renforcer le pouvoir local afin d’intervenir dans les violences infligées aux populations noires par l’État et des milices.

Cependant, il n’est pas facile de dénoncer ces agissements, surtout pour les membres de minorités.

La possibilité de manifester en toute sécurité est liée au droit de ne pas subir de discrimination. Le droit de manifester des personnes touchées par les inégalités et la discrimination, qu’il s’agisse d’âgisme, de racisme, de sexisme ou autre, est particulièrement menacé.

Il est crucial que chacun et chacune puisse manifester sans danger et sans faire l’objet de discrimination ; un problème contre lequel Amnesty International lutte par sa campagne Protégeons les manifs.

Protest Sydney Black Lives Matter
Des manifestant·e·s chantent et s’agenouillent sur la place Martin pendant un rassemblement Black Lives Matter le 2 juin 2020, à Sydney, en Australie. Le rassemblement était organisé pour protester contre la mort en détention de personnes aborigènes en Australie et en solidarité envers les manifestations organisées aux États-Unis après l’homicide de George Floyd, un homme noir non armé tué par un policier à Minneapolis, dans le Minnesota.

Étude de cas : Ban The Scan

Dans le monde entier, des services chargés de l’application des lois utilisent la reconnaissance faciale pour réprimer les manifestations et harceler les minorités. Ces systèmes de surveillance constituent une violation du droit à la vie privée et une menace pour la liberté d’expression et de réunion pacifique, ainsi que pour les principes d’égalité et de non-discrimination.

Comment cela fonctionne-t-il ? Les entreprises technologiques développent des technologies de reconnaissance faciale en récupérant des millions de clichés à partir de profils sur les réseaux sociaux et d’autres bases de données comme les registres des permis de conduire, sans notre consentement et à notre insu. Ces technologies peuvent amplifier les pratiques policières discriminatoires sur le plan racial et menacer le droit de manifester. Cela touche surtout les populations noires et les minorités, dont les membres risquent particulièrement d’être identifiés de manière erronée et arrêtés à tort. Dans certains cas, la reconnaissance faciale s’est révélée inexacte à 95 %.

Si aucune mesure n’est prise, la technologie de reconnaissance faciale et ses conséquences dangereuses s’intégreront à la vie courante et les minorités seront constamment prises pour cible et harcelées.

C’est pourquoi Amnesty International a lancé une campagne axée sur les États-Unis, Hyderabad et les territoires palestiniens occupés, appelée Ban The Scan.

Que fait Amnesty pour se battre pour la justice raciale ?

Amnesty International demande que les personnes subissant une discrimination historique et systématique jouissent de l’égalité dans le droit et dans la pratique.

Les États doivent garantir la justice et les réparations, notamment par l’abrogation des lois, des politiques et des pratiques racistes et veiller à l’égalité d’accès aux droits économiques et sociaux. Ils doivent aussi adopter des mesures pour mettre un terme aux opérations excessives de maintien de l’ordre et à la criminalisation abusive des personnes et des populations discriminées.

Pour obtenir davantage d’informations sur la discrimination fondée sur l’ascendance, suivez notre cours intitulé Décoder la discrimination fondée sur l’ascendance.

A crowd of protesters and a placard which says 'I can't breathe'.
Environ 50 000 personnes ont participé à une manifestation contre le racisme à Vienne le 4 juillet 2020. Des militant·e·s d’Amnesty International Autriche ont demandé justice pour George Floyd, qui a été tué par des policiers à Minneapolis, aux États-Unis. © Christopher Glanzl / Amnesty International Autriche