Violence, mort et souffrance au Soudan
Pour la population soudanaise, il n’y a pas de lieu sûr.
Le conflit interne a fait plus de 14 000 morts et a entrainé le déplacement de plus de 10 millions de personnes. La population soudanaise est confrontée à des violations généralisées des droits humains et du droit humanitaire, qui se traduisent par un nombre massif de victimes civiles, des violences fondées sur le genre et une coupure d’Internet. Ces conditions rendent impossible l’acheminement de l’aide humanitaire à des millions de civil·e·s qui tentent de survivre sans nourriture ni eau.
Le conflit a provoqué une nouvelle vague d’attaques motivées par l’appartenance ethnique contre des membres de l’ethnie masalit au Darfour.
La terrible situation imposée à de nombreuses personnes soudanaises n’est pas inévitable. La communauté internationale peut faire quelque chose pour veiller à ce que les civil·e·s soient protégés et ne continuent pas de subir les conséquences de ce conflit.
Mais nous avons besoin de votre aide pour cela.
Demandez un embargo sur les armes au Soudan
Joignez-vous à notre appel au Conseil de sécurité de l’ONU pour faire cesser le flux d’armes arrivant au Soudan et ainsi atténuer les souffrances des civil·e·s.
Quel est l’objet du conflit au Soudan ?
Le conflit opposant les Forces armées soudanaises aux Forces d’appui rapide (FAR) a éclaté à Khartoum le 15 avril 2023, aux premières heures du jour. Khartoum, la capitale du Soudan, a été le théâtre de nombreux affrontements depuis le début du conflit. Cependant, les combats se sont rapidement propagés dans le pays, dans des régions telles que le Darfour, le Kordofan du Nord et l’État de Gezira.
Les affrontements à Khartoum étaient le résultat de plusieurs mois de tensions entre les Forces armées soudanaises et les FAR. Les Forces d’appui rapide sont une force paramilitaire indépendante qui, jusqu’au conflit actuel, combattait au nom du gouvernement soudanais. Elles avaient été créées par l’ancien président soudanais Omar el Béchir il y a plus de 20 ans en vue de réprimer les rébellions au Darfour, où elles ont mené une campagne de violences ethniques contre la communauté masalit.
Lorsque Omar el Béchir a été renversé en 2019, le Soudan s’est engagé sur la voie des réformes avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement. Parmi ces réformes, certaines ont eu des conséquences pour les activités des Forces armées soudanaises et des FAR, ce qui a créé des tensions entre les deux factions, qui ont atteint un point critique en avril 2023.
Violences et crimes de guerre motivés par l’appartenance ethnique
Les combats au Soudan ont également rouvert d’anciennes blessures liées à l’histoire du pays marquée par les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les violences ethniques.
Nos équipes de recherches ont confirmé plusieurs cas d’attaques motivées par l’appartenance ethnique contre des personnes appartenant à l’ethnie masalit dans l’État du Darfour occidental, dans des villes telles qu’Ardamata, El Geneina, Misterei et Tandelti. Les éléments recueillis auprès de personnes ayant survécu aux attaques suggèrent que les FAR et des milices alliées sont à l’origine de ces attaques.
Les membres de l’ethnie masalit au Darfour étaient victimes de violences ciblées déjà avant le conflit actuel. Parmi ces violences figure le nettoyage ethnique de 2003 au Darfour, lors duquel des forces soutenues par le gouvernement soudanais avaient tué de manière systématique des personnes originaires du Darfour.
Demandez un embargo sur les armes au Soudan
Joignez-vous à notre appel au Conseil de sécurité de l’ONU pour faire cesser le flux d’armes arrivant au Soudan et ainsi atténuer les souffrances des civil·e·s.
Une crise des personnes déplacées de plus en plus grave
La nature aveugle et généralisée des attaques des deux parties au conflit ne laisse que deux options aux Soudanais et Soudanaises : fuir leur foyer ou se retrouver pris entre les tirs croisés.
Plus de neuf millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur pays au Soudan, ce qui fait de cette situation la plus grande crise des personnes déplacées dans le monde. L’ampleur de cette crise et les pénuries d’approvisionnement dans le pays ont engendré une situation dans laquelle ces personnes déplacées non seulement survivent sans abri, mais manquent également de nourriture, d’eau et de médicaments.
En outre, 1,8 million de personnes ont fui le Soudan pour gagner des pays voisins, comme la République centrafricaine, le Tchad, l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan du Sud. Cependant, de nombreuses personnes demandeuses d’asile se voient refuser l’entrée dans ces pays, ce qui les force à retourner vers les dangers mortels qu’elles essayaient de fuir.
Famine
Le Soudan est en passe de devenir le théâtre de la plus grave crise alimentaire du monde.
Plus de 25 millions de personnes sont prises au piège d’une spirale de détérioration de la sécurité alimentaire, due en grande partie aux affrontements entre les Force armées soudanaises et les FAR. Le conflit a paralysé l’exploitation et la production agricoles, ce qui a entrainé des perturbations pour le commerce, bousculant l’économie et empêchant l’accès de l’aide humanitaire.
Les enfants sont parmi les personnes les plus vulnérables à la famine. Plus de 2,9 millions d’enfants au Soudan souffrent de malnutrition aiguë et 729 000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë sévère.
Malgré les menaces catastrophiques de famine, tant les Forces armées soudanaises que les FAR restreignent activement l’acheminement de l’aide humanitaire au Soudan. Des organisations internationales comme le Programme alimentaire mondial ont indiqué ne pas pouvoir accéder à 90 % des personnes confrontées à de graves niveaux de famine.
Violences fondées sur le genre
Lors d’un conflit armé, il existe un risque accru de violences sexuelles contre les femmes et les filles, et il ne fait aucun doute que c’est le cas au Soudan. Quelques jours seulement après le début du conflit, des informations ont fait état de viols, d’esclavage sexuel et d’autres violences sexuelles. Ces actes constituent des crimes de guerre et de graves violations du droit international humanitaire.
Lorsque nos équipes de recherches se sont rendues dans des camps de réfugié·e·s au Tchad, elles se sont entretenues avec plusieurs femmes qui ont été violées par des membres des FAR à El Geneina et qui ont témoigné de leurs expériences.
Maintenant, j’ai peur d’être enceinte… Je crains de ne pas pouvoir le supporter.
Une femme de 25 ans originaire d’El Geneina, qui a été violée par des hommes armés alors qu’elle essayait de fuir.
Que fait Amnesty pour promouvoir les droits humains dans le cadre du conflit au Soudan ?
Au fur et à mesure que la situation au Soudan évolue, nos équipes de recherche et de campagne restent engagées à recueillir des informations sur les atteintes aux droits humains. Nous partageons les résultats de nos recherches avec le monde et révélons la vérité.
Nous menons un travail de plaidoyer dans des espaces clés de défense des droits humains, notamment l’Union africaine et le Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Ce travail, mené avec d’autres organisations, a mené à la création de la mission internationale indépendante d’établissement des faits pour le Soudan en octobre 2023.
Nous soutenons également, notamment par une aide financière d’urgence, les défenseur·e·s des droits humains qui poursuivent leur travail sans relâche d’aide aux populations au Soudan et à l’étranger.
Mais pour permettre un véritable changement, nous avons besoin de l’aide de personnes comme vous. Nous avons lancé une campagne appelant le Conseil de sécurité des Nations unies à décréter un embargo sur les armes, qui réduirait le flux d’armes vers le Soudan.
Signez notre pétition pour montrer votre soutien.
Demandez un embargo sur les armes au Soudan
Joignez-vous à notre appel au Conseil de sécurité de l’ONU pour faire cesser le flux d’armes arrivant au Soudan et ainsi atténuer les souffrances des civil·e·s.