Kirghizistan. Il faut abandonner les poursuites infondées visant des journalistes de Temirov LIVE et d’Aït Aït Desse

Avant la retransmission en direct de la décision de justice attendue le 3 octobre dans l’affaire concernant Aïke Beïchekeïeva, Makhabat Tajibek-kyzy et neuf autres journalistes ou anciens journalistes du média indépendant Temirov LIVE et de son projet partenaire Aït Aït Desse, qui encourent jusqu’à six ans d’emprisonnement sur la base d’accusations à caractère politique d’« appel à des troubles de masse », Denis Krivosheev, directeur par intérim du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :

« Ces accusations ne sont rien d’autre qu’une tentative, motivée par des considérations politiques, d’étouffer la liberté d’expression et de punir des journalistes pour leur travail. Nous réitérons notre appel urgent auprès des autorités kirghizes afin qu’elles libèrent toutes les personnes détenues et abandonnent les charges infondés retenues contre elles. Temirov LIVE, Aït Aït Desse et tous les autres médias indépendants devraient pouvoir travailler librement et en toute sécurité.

« Toute tentative de réduire les journalistes au silence par le biais d’accusations forgées de toutes pièces est une atteinte impardonnable au droit humain à la liberté d’expression, et bafoue les obligations internationales du Kirghizistan. »

Complément d’information

Nous réitérons notre appel urgent auprès des autorités kirghizes afin qu’elles libèrent toutes les personnes détenues, et abandonnent les poursuites infondées lancées contre celles-ci. Temirov LIVE, Aït Aït Desse et tous les autres médias indépendants devraient pouvoir travailler librement et en toute sécurité.

Ces charges ont été retenues après que les projets médiatiques Temirov LIVE et Aït Aït Desse, visibles sur YouTube, ont diffusé une série d’enquêtes sur la corruption présumée du gouvernement. Le parquet a requis des peines de six ans d’emprisonnement malgré l’absence d’éléments de preuve attestant l’infraction présumée.

Le 16 janvier 2024, la police a fait une descente au domicile de 11 journalistes, dont Makhabat Tajibek-kyzy, le directeur de Temirov LIVE, et Aïke Beïchekeïeva, une jeune femme de 23 ans chargée de vérifier les informations pour Temirov LIVE. Six d’entre eux ont ensuite été assignés à résidence et un autre a été libéré, sous réserve de restrictions en matière de voyage. Le procès s’est ouvert le 7 juin et s’est déroulé à huis clos. Makhabat Tajibek-kyzy et Aïke Beïchekeïeva, ainsi que deux autres journalistes, ont été maintenus en détention provisoire pendant toute la durée du procès.

Le 28 septembre, le président kirghize Sadyr Japarov a déclaré qu’il s’agissait de « faux » journalistes et a affirmé qu’ils « diffusaient de fausses informations appelant à des émeutes ». Cela a suscité des craintes quant aux récits stigmatisants émanant des plus hautes sphères de l’État.

Le fondateur de Temirov LIVE, Bolot Temirov, a été déchu de sa citoyenneté kirghize et expulsé vers la Russie en 2022. Le Kirghizistan a depuis lors adopté des lois répressives visant les médias indépendants, notamment une loi sur les « représentants étrangers » (inspirée de la loi russe sur les « agents de l’étranger ») qui prend pour cible les organisations de défense de la liberté de la presse et la société civile.