Les autorités des Émirats arabes unis doivent libérer immédiatement et sans condition Nasser bin Ghaith, un prisonnier d’opinion dont l’état de santé s’est gravement détérioré ces derniers jours, a déclaré Amnesty International jeudi 20 décembre.
Nasser bin Ghaith purge une peine de 10 ans de prison pour avoir critiqué les Émirats arabes unis dans des commentaires publiés sur Twitter. Il a été condamné à l’issue d’un procès manifestement inique et motivé par des considérations politiques.
« Les informations selon lesquelles l’état de santé de Nasser bin Ghaith s’est gravement détérioré, au point qu’il est trop faible pour se lever et commence à perdre la vue, sont extrêmement préoccupantes. Cet homme est un prisonnier d’opinion et ne devrait même pas se trouver derrière les barreaux, et encore moins purger une peine grotesque de 10 ans prononcée à l’issue d’un procès entaché de graves irrégularités, a déclaré Samah Hadid, directrice des campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Au lieu de prolonger sa souffrance, les autorités émiriennes doivent ordonner sa libération immédiate et sans condition. Et tant qu’il est détenu, elles doivent veiller à ce qu’il bénéficie de tous les soins médicaux dont il a besoin. »
Au lieu de prolonger sa souffrance, les autorités émiriennes doivent ordonner sa libération immédiate et sans condition.
Samah Hadid, directrice des campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International
Nasser bin Ghaith a observé plusieurs grèves de la faim de durée variable depuis 75 jours pour protester contre son incarcération et ses conditions de détention. Depuis le 7 octobre 2018, il n’a mangé qu’une petite quantité de nourriture à quelques reprises et sa santé a nettement décliné. Avant son incarcération, il souffrait déjà d’une hypertension à l’origine d’une cardiomégalie (augmentation de la taille du cœur), mais il ne reçoit pas ses médicaments antihypertenseurs en prison. Il est également atteint d’un début de stéatose hépatique (également appelée maladie du foie gras).
Il a été condamné à 10 ans de prison en appel en mars 2017 après avoir été reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusation, dont celui d’« insulte envers les Émirats arabes unis », à la suite de commentaires qu’il a publiés sur Twitter au sujet de son traitement lors d’un précédent procès. Il a également été déclaré coupable de « communication et coopération avec des membres de l’organisation interdite Al Islah [Association pour la réforme et l’orientation sociale] ». Au cours de son procès, les autorités émiriennes ont limité ses contacts avec son avocat, ce qui l’a empêché de préparer correctement sa défense.
« La récente condamnation de l’étudiant britannique Matthew Hedges, qui a été reconnu coupable d’espionnage à l’issue d’une procédure manifestement inique, a attiré l’attention de la communauté internationale sur les pratiques répressives des Émirats arabes unis. Cependant, il reste dans ce pays des dizaines de prisonniers d’opinion, comme Nasser bin Ghaith, qui languissent dans des conditions désastreuses après avoir été injustement condamnés pour avoir exprimé pacifiquement leur avis », a déclaré Samah Hadid.