Les autorités russes doivent libérer immédiatement et sans condition Ildar Dadin, un manifestant pacifique condamné pour avoir participé à des rassemblements « non autorisés », et enquêter sur ses allégations de torture, a déclaré Amnesty International mardi 1er novembre. Une lettre écrite en prison par Ildar Dadin a été publiée le 1er novembre par Medouza, un journal en ligne.
Les déclarations d’Ildar Dadin faisant état de coups, d’humiliations et de menaces de viol sont choquantes, mais ne sont malheureusement que les dernières en date d’une série d’allégations crédibles selon lesquelles la torture et d’autres formes de mauvais traitements sont fréquemment utilisés dans le système pénal russe.
Sergueï Nikitine, directeur d’Amnesty International Russie
« Les déclarations d’Ildar Dadin faisant état de coups, d’humiliations et de menaces de viol sont choquantes, mais ne sont malheureusement que les dernières en date d’une série d’allégations crédibles selon lesquelles la torture et d’autres formes de mauvais traitements sont fréquemment utilisés dans le système pénal russe en toute impunité, dans le but d’étouffer toute forme de contestation », a déclaré Sergueï Nikitine, directeur d’Amnesty International Russie.
« Nous demandons aux autorités russes de mettre fin à l’impunité pour la torture et les autres formes de mauvais traitements, et d’enquêter sur les allégations d’Ildar Dadin. Elles doivent en outre libérer Ildar Dadin immédiatement et sans condition, et lui accorder des réparations complètes pour l’injustice dont il a été victime. Nul ne doit être emprisonné pour avoir exprimé pacifiquement son point de vue. »
Nous demandons aux autorités russes de mettre fin à l’impunité pour la torture et les autres formes de mauvais traitements, et d’enquêter sur les allégations d’Ildar Dadin.
Sergueï Nikitine, directeur d’Amnesty International Russie
Selon la lettre d’Ildar Dadin, lorsqu’il est arrivé à la colonie pénitentiaire de Segueja le 11 septembre 2016, il a été roué de coups à quatre reprises par des groupes de 10 à 12 personnes se relayant pour le frapper. Le lendemain, il a été suspendu par des menottes pendant une demi-heure, avant qu’on ne lui enlève ses sous-vêtements et le menace de viol.
Il écrit dans la lettre qu’un responsable carcéral lui a dit : « Tu as pris quelques coups pas trop méchants. Si je l’ordonne, mes gardiens te frapperont beaucoup plus brutalement. Si tu essaies d’en parler, on te tuera et tu seras enterré devant le mur de la prison. » Ildar Dadin est arrivé à dicter cette lettre lors de la dernière visite de son avocat. Ses lettres précédentes ne sont jamais parvenues à leurs destinataires car elles ont été interceptées par l’administration pénitentiaire.
Complément d’information
Le 7 décembre 2015, Ildar Dadin a été condamné à trois ans de prison par un tribunal de Moscou pour avoir manifesté plusieurs fois dans la rue contre le gouvernement. Il est le premier citoyen à être incarcéré au titre d’une loi répressive adoptée en 2014, qui sanctionne les violations répétées des règles relatives aux rassemblements publics.
Bafouer une seule fois la loi est passible d’une amende ou de 15 jours de détention administrative. Trois violations de ce type sur une période de 180 jours constituent une infraction pénale passible d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Amnesty International considère Ildar Dadin comme un prisonnier d’opinion.
Ildar Dadin a enfreint une première fois la loi en protestant seul de manière non violente contre la condamnation de militants pacifiques ayant participé à la manifestation de Bolotnaïa le 7 mai 2012, à Moscou – ce qui lui a valu sa première arrestation. Depuis, il a été soit condamné à des amendes soit détenu à quatre reprises pour des « infractions » similaires.
Il est assigné à domicile depuis le 30 janvier 2015, depuis l’expiration de sa détention administrative de 15 jours, et n’est autorisé à quitter son domicile que pour assister aux audiences. Il a été placé en détention le jour de sa condamnation en décembre 2015.