Honduras. Il est impératif que l’État garantisse vérité, justice et réparations à la famille de Berta Cáceres

Les condamnations prononcées contre les auteurs matériels et le coauteur du meurtre de la défenseure hondurienne des droits humains Berta Cáceres ne sont toujours pas définitives. Amnesty International demande à l’État hondurien de garantir dans les meilleurs délais que la vérité soit faite et que justice soit rendue de manière indépendante et impartiale pour la famille et les proches de Berta Cáceres. 

« Huit ans après l’assassinat de Berta Cáceres, sa famille continue à se trouver face à une procédure judiciaire incomplète, ce qui entretient son angoisse de manière injustifiée. Il est impératif que les autorités honduriennes adoptent des mesures décisives pour mettre fin au cycle de l’impunité dans cette affaire », a déclaré Astrid Valencia, directrice adjointe de la recherche pour les Amériques à Amnesty International.  

Huit ans après l’assassinat de Berta Cáceres, sa famille continue à se trouver face à une procédure judiciaire incomplète, ce qui entretient son angoisse de manière injustifiée. Il est impératif que les autorités honduriennes adoptent des mesures décisives pour mettre fin au cycle de l’impunité dans cette affaire

Astrid Valencia, directrice adjointe de la recherche pour les Amériques à Amnesty International

La famille de Berta Cáceres et le Conseil civique d’organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH) continuent d’exiger des autorités honduriennes qu’elles demandent des comptes à toutes les personnes impliquées dans ce crime, y compris celles qui ont planifié et ordonné l’assassinat de Berta Cáceres.

Complément d’information 

Le 2 mars 2016, Berta Cáceres, défenseure des droits environnementaux et des droits des peuples autochtones, a été abattue par des hommes armés à son domicile d’Intibucá, au Honduras. Coordinatrice du COPINH, elle militait contre le projet de barrage hydroélectrique d’Agua Zarca et l’impact qu’il aurait sur le territoire du peuple autochtone Lenca.  

Le 20 juin 2022, la Juridiction de jugement dotée d’une compétence territoriale pénale nationale de Tegucigalpa a condamné David Castillo, ancien directeur de l’entreprise Desarrollos Energéticos (DESA) et responsable du projet hydroélectrique Agua Zarca, à 22 ans et 6 mois de prison. Il avait été arrêté en mars 2018 et condamné en juillet 2021 en tant que coauteur du meurtre de Berta Cáceres en 2016, à l’issue d’un procès qui s’est ouvert en avril 2021.  

Précédemment, le 29 novembre 2018, la Chambre pénale du Honduras a déclaré sept des huit autres accusés coupables de l’assassinat de Berta Cáceres. Plus d’un an plus tard, le 2 décembre, ces sept hommes ont été condamnés à des peines allant de 30 à 50 ans de prison.  

Les défenseur·e·s des droits humains au Honduras continuent d’être victimes d’agressions commises en toute impunité. L’assassinat est le pire risque auquel sont confrontés les défenseur·e·s de l’environnement dans ce pays qui, selon Global Witness, a le taux d’homicide par habitant·e le plus élevé au monde. Amnesty International a également recueilli des informations sur des menaces ou même des disparitions d’écologistes au Honduras.

Malgré la gravité des attaques visant les défenseur·e·s de l’environnement, le Honduras n’a pas encore signé l’accord d’Escazú, le premier traité relatif aux droits humains dans le domaine de l’environnement en Amérique latine et dans les Caraïbes, qui est entré en vigueur le 22 avril 2021 et en vertu duquel les États signataires sont tenus de protéger les défenseur·e·s de l’environnement.