Réagissant à la décision rendue par un tribunal japonais, qui a déclaré trois anciens militaires coupables d’avoir agressé sexuellement leur collègue Rina Gonoi, Boram Jang, chercheuse sur l’Asie de l’Est à Amnesty International, a déclaré :
« Rina Gonoi a eu le courage de dénoncer ces agissements pour mettre un terme au cycle d’impunité pour les violences fondées sur le genre au Japon. Il s’agit d’une rare victoire non seulement pour elle, mais aussi pour toutes les victimes d’agressions sexuelles au Japon, qui sont nombreuses à souffrir en silence.
« Cette décision historique est un signe encourageant pour le Japon, qui commence enfin à engager des réformes juridiques relatives aux infractions à caractère sexuel. Cependant, le pays a encore un long chemin à parcourir pour changer tant le système de justice pénale que la culture de culpabilisation des victimes, qui compromet la crédibilité des victimes. La stigmatisation et les stéréotypes préjudiciables auxquels sont confrontées les victimes de violences fondées sur le genre doivent être éliminés.
« Ce contexte contribue à instaurer une peur généralisée pour les victimes de dénoncer les faits, ainsi qu’à de faibles taux de poursuites et à des abandons de poursuites, ce qui témoigne d’autant plus du courage dont Rina Gonoi a fait preuve tout au long de ce processus redoutable et difficile. »
Complément d’information
Le 12 décembre 2023, le tribunal de district de Fukushima a déclaré trois anciens militaires coupables d’agression sexuelle contre leur collègue Rina Gonoi, dont l’affaire avait attiré l’attention internationale lorsqu’elle avait publié son histoire sur YouTube en 2022.
Ancienne membre des Forces japonaises d’autodéfense, Rina Gonoi a également engagé des poursuites civiles en juin 2023 contre cinq anciens militaires pour la détresse psychologique causée par les violences sexuelles dont elle a été victime pendant son service militaire, ainsi que contre le gouvernement, qui n’a pas pris de mesures pour empêcher les agressions ni pour enquêter dûment sur celles-ci.
Un rapport commandé par le ministère de la Défense, et publié en août, sur une enquête menée par la suite a conclu à une culture profondément ancrée de harcèlement, y compris sexuel, au sein de l’armée.
Le Parlement japonais a adopté des modifications du Code pénal en juin, reconnaissant pour la première fois un rapport sexuel non consenti comme un viol et augmentant l’âge du consentement sexuel de 13 à 16 ans. Le délai de prescription pour les viols a été augmenté, passant de 10 à 15 ans.