Réagissant aux informations selon lesquelles les Émirats arabes unis, qui accueilleront la COP28 en novembre, à Dubaï, ont défini une liste restreinte de points de discussion sur les questions climatiques que les représentants du pays pourront évoquer et tentent d’éviter toute discussion sur les atteintes aux droits humains commises dans le pays, Marta Schaaf, directrice du programme Justice climatique, économique et sociale et Responsabilité des entreprises d’Amnesty International, a déclaré :
« L’aggravation de la crise climatique est une grave menace pour les populations et leurs droits partout dans le monde. Les Émirats arabes unis devraient donc être en train d’engager des changements significatifs afin de mettre fin rapidement à l’utilisation des carburants fossiles. Au lieu de cela, la priorité du pays pour la COP28 semble être de donner une apparence écoresponsable de façade à ses projets d’expansion des énergies fossiles et de protéger sa réputation en essayant d’éviter toute discussion sur son bilan désastreux en matière de droits humains et sur les atteintes qui continuent d’être commises. »
La priorité du pays pour la COP28 semble être de donner une apparence écoresponsable de façade à ses projets d’expansion des énergies fossiles et de protéger sa réputation en essayant d’éviter toute discussion sur son bilan désastreux en matière de droits humains et sur les atteintes qui continuent d’être commises
Marta Schaaf, directrice du programme Justice climatique, économique et sociale et Responsabilité des entreprises d’Amnesty International
« Les Émirats arabes unis se sont engagés à organiser une COP inclusive, mais cela restera lettre morte si le pays limite le débat public à des points de discussion minutieusement définis. Les informations selon lesquelles des responsables du pays essaieraient de circonscrire le débat ne font que renforcer nos craintes que les Émirats arabes unis aient sous-estimé l’urgence de la crise climatique et cherchent à protéger les intérêts de l’industrie des énergies fossiles, qui justifie les atteintes aux droits humains actuelles et futures associées aux énergies fossiles en les qualifiant de “coût des affaires”.
« Il est tout aussi difficile d’imaginer une COP inclusive lorsque les lois draconiennes et définies en termes vagues du pays permettent l’arrestation de presque toute personne exprimant des opinions dissidentes, la répression et le maintien en détention de personnes dissidentes et d’opposant·e·s politiques et la criminalisation des relations entre personnes du même sexe. »
« Afin d’empêcher une catastrophe climatique totale, il est essentiel que cette COP aboutisse à un accord sur une fin rapide et juste de l’ère des énergies fossiles. Elle devra également déboucher sur des engagements de financement de l’action climatique protégeant les populations et veiller à ce que le Fonds pour pertes et préjudices, dont la création a été convenue lors de la précédente COP, soit opérationnel et efficace. Les personnes responsables des négociations doivent agir dans l’intérêt des droits humains, et non pas en faveur des priorités des entreprises de l’industrie des combustibles fossiles essayant d’influencer la COP. »
Complément d’information
La 28e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques doit se tenir à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023.
Après la divulgation, le mois dernier, d’un document de stratégie, le Centre for Climate Reporting a obtenu un enregistrement d’une réunion stratégique pour la COP28.
Amnesty International a déjà précédemment exprimé son opposition à la présidence, pour cette réunion d’une grande importance, de Sultan Al Jaber tant que celui-ci serait le principal dirigeant d’ADNOC, la compagnie pétrolière des Émirats arabes unis, qui a d’ambitieux projets d’expansion de sa production d’hydrocarbures.
Il y a plus de dix ans, les autorités des Émirats arabes unis ont condamné 60 membres de la société civile émirienne à de lourdes peines de prison lors d’un procès collectif. Aucune de ces personnes n’a été libérée, bien que 55 d’entre elles aient purgé leur peine. Amnesty International continue de demander leur libération.