L’ancienne procureure Virginia Laparra, qui était à la tête du bureau spécial du parquet contre l’impunité à Quetzaltenango, est une prisonnière d’opinion injustement incarcérée depuis plus de neuf mois en raison de son travail d’enquête sur des affaires de corruption au Guatemala, a déclaré Amnesty International lundi 28 novembre.
Son procès devait s’ouvrir le 28 novembre devant le Huitième tribunal des affaires pénales, des infractions à la législation sur les stupéfiants et des délits contre l’environnement, dans la ville de Guatemala. Elle est accusée d’abus de pouvoir persistants, infraction passible d’une peine de neuf ans de prison maximum.
« Après un examen minutieux de son dossier, nous avons constaté que les accusations portées contre l’ancienne procureure Virginia Laparra présentent de graves lacunes, en plus des nombreuses irrégularités relevées dans la gestion de ce cas. Non seulement il n’existe pas de preuves solides établissant qu’elle a commis la moindre infraction, mais il est en outre clair que les raisons avancées par le tribunal lorsqu’il a rejeté ses demandes de libération durant le procès sont arbitraires », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice régionale pour les Amériques à Amnesty International.
Après un examen minutieux de son dossier, nous avons constaté que les accusations portées contre l’ancienne procureure Virginia Laparra présentent de graves lacunes, en plus des nombreuses irrégularités relevées dans la gestion de ce cas. Non seulement il n’existe pas de preuves solides établissant qu’elle a commis la moindre infraction, mais il est en outre clair que les raisons avancées par le tribunal lorsqu’il a rejeté ses demandes de libération durant le procès sont arbitraires
Erika Guevara Rosas, directrice régionale pour les Amériques à Amnesty International
En tant que procureure spéciale chargée de la lutte contre l’impunité, Virginia Laparra a dirigé des enquêtes sur des affaires de corruption et de délinquance de grande ampleur. La persécution pénale dont elle fait l’objet a commencé en 2018, après qu’elle a signalé devant l’Assemblée disciplinaire de l’appareil judiciaire les comportements inappropriés d’un juge accusé d’avoir révélé des informations confidentielles relatives à un cas sur lequel il travaillait. En représailles, ce même juge a déposé deux plaintes contre elle, pour les mêmes faits : la première en juillet 2018 à Quetzaltenango, et la seconde en août 2019 dans la ville de Guatemala.
Virginia Laparra a été arrêtée le 23 février 2022 en sortant du travail, à Quezaltenango, et est injustement maintenue en détention provisoire depuis lors.
Amnesty International a fait état de la vive préoccupation que lui inspirent les lacunes et irrégularités de la procédure visant Virginia Laparra, notamment le fait que ce qu’on lui reproche n’est étayé par aucun élément de preuve, la persécution pénale qu’elle subit, en étant jugée pour les mêmes faits par deux magistrats différents, et l’instrumentalisation de la justice pénale dans le but de la maintenir en détention sans raison, entre autres. L’organisation estime que les droits de l’ancienne procureure aux garanties prévues par la loi et à un procès équitable ont été bafoués ; cela signifie en outre que son incarcération est arbitraire et uniquement motivée par son travail d’enquête sur des cas de corruption. Ces éléments, ainsi que des campagnes virulentes de stigmatisation sur les réseaux sociaux sont autant de caractéristiques des pratiques établies recensées par Amnesty International en matière de criminalisation dans ce pays depuis des années.
« Virginia Laparra est uniquement poursuivie pour l’exercice indépendant de sa fonction de procureure, et Amnesty International considère à ce titre qu’elle est une prisonnière d’opinion et doit être libérée immédiatement et sans condition. Il est intolérable que les plus hautes autorités guatémaltèques permettent l’instrumentalisation de ce cas par des détracteurs de la lutte contre l’impunité et la corruption. La persécution infondée, par le biais de la justice pénale, d’acteurs de la justice ayant eu un rôle majeur dans cette lutte doit cesser immédiatement », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice régionale pour les Amériques à Amnesty International.
Virginia Laparra est uniquement poursuivie pour l’exercice indépendant de sa fonction de procureure, et Amnesty International considère à ce titre qu’elle est une prisonnière d’opinion et doit être libérée immédiatement et sans condition
Erika Guevara Rosas, directrice régionale pour les Amériques à Amnesty International
Amnesty International suivra le déroulement du procès de l’ancienne procureure Virginia Laparra ces prochains jours. L’organisation demande au ministère public d’abandonner les poursuites engagées contre elle, et de requérir sa libération immédiate et sans condition.