Un mois après l’explosion meurtrière dans le port de Beyrouth, il apparaît clairement que les procédures mises en place par les autorités libanaises pour enquêter sur les événements tragiques du 4 août ne sont ni indépendantes, ni impartiales, écrit Amnesty International le 7 septembre 2020 dans une déclaration détaillée. Amnesty appelle une nouvelle fois à la création d’un mécanisme international d’établissement des faits afin de garantir le droit des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations.
Plus d’un mois après l’explosion, chaque déclaration, chaque mesure et chaque décision prise jusqu’à présent, particulièrement par les plus hauts responsables du pays, fait clairement ressortir que les autorités n’ont aucunement l’intention de s’acquitter de leurs responsabilités s’agissant de mener une investigation efficace, transparente et impartiale.
Lynn Maalouf, directrice régionale par intérim pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International
Depuis cette explosion meurtrière, qui a fait au moins 190 morts et plus de 6 500 blessés, et déplacé ou mis à la rue environ 300 000 personnes, des victimes et leurs proches, ainsi que des organisations de défense des droits humains, ont lancé des appels en faveur d’une enquête internationale. Les autorités libanaises, y compris le président, ont refusé. L’obligation de rendre des comptes fait également partie des revendications clés des milliers de manifestant·e·s qui sont descendus dans les rues quatre jours après l’explosion et se sont heurtés à une force excessive employée par l’armée et les forces de sécurité, ce qui s’est traduit par des centaines de blessés venant s’ajouter aux milliers de personnes blessées lors de l’explosion.
Lynn Maalouf, directrice régionale par intérim pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :
« Plus d’un mois après l’explosion, chaque déclaration, chaque mesure et chaque décision prise jusqu’à présent, particulièrement par les plus hauts responsables du pays, fait clairement ressortir que les autorités n’ont aucunement l’intention de s’acquitter de leurs responsabilités s’agissant de mener une investigation efficace, transparente et impartiale.
Au regard de l’impunité ancrée depuis des décennies au Liban et de l’ampleur de cette tragédie, un mécanisme international d’établissement des faits est le seul moyen de garantir les droits des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations.
Lynn Maalouf
« Le gouvernement a transmis l’affaire au Conseil judiciaire, juridiction dont la procédure manque par nature d’indépendance et d’impartialité et ne respecte pas les normes internationales d’équité. Il est difficile de comprendre que dans une affaire où de graves accusations sont portées contre des organes étatiques, le Conseil judiciaire ne soit pas compétent pour engager des poursuites contre des représentants de l’État en exercice, y compris le président et les ministres.
« Au regard de l’impunité ancrée depuis des décennies au Liban et de l’ampleur de cette tragédie, un mécanisme international d’établissement des faits est le seul moyen de garantir les droits des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations. Menée de manière approfondie, indépendante, impartiale et transparente, cette enquête doit avoir pour objectif de déterminer les responsabilités dans le cadre de l’explosion et des morts, blessés et destructions qu’elle a causées, et ses conclusions doivent être rendues publiques. »