Le premier procès de deux anciens responsables des services de sécurité du gouvernement syrien inculpés de crimes contre l’humanité marque un pas en avant important vers la justice, a déclaré Amnesty International.
Le 23 avril, Anwar Raslan, qui serait inculpé de torture, notamment de viol et de sévices sexuels, et Eyad al Gharib, qui serait inculpé de torture, comparaîtront devant le tribunal régional supérieur de Coblence, en Allemagne.
« Ce procès est une avancée historique dans la lutte en faveur de la justice pour les dizaines de milliers de personnes détenues illégalement, torturées et tuées dans les prisons et les centres de détention du gouvernement syrien, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Il n’aurait pas été possible sans le courage et les sacrifices des victimes syriennes, des familles des victimes et de nombreuses autres personnes et organisations qui ont réclamé sans relâche justice et vérité, bien souvent au péril de leur vie.
« À une période où les Syriens ont le sentiment que la communauté internationale leur a fait défaut, ce procès ravive l’espoir que justice soit rendue dans une certaine mesure. Toutes les victimes et familles des victimes ont droit à la vérité, à des réparations et à la justice.
« Amnesty International demande aussi aux États de suivre l’exemple de l’Allemagne et d’intenter des poursuites analogues contre les auteurs présumés de crimes relevant du droit international, et notamment d’allouer des ressources à leurs unités spécialisées dans les crimes de guerre. »
Complément d’information
Amnesty International a constaté et dénoncé publiquement la politique systématique du gouvernement syrien qui se traduit par des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et d’autres mauvais traitements, depuis des décennies. Elle a publié plusieurs rapports relatant les conditions inhumaines dans les prisons syriennes, où les disparitions forcées, la torture et les mauvais traitements entraînent des morts en détention et où les exécutions extrajudiciaires à l’issue de simulacres de procès sont monnaie courante. Ces pratiques, perpétrées de manière généralisée et systématique, constituent des crimes contre l’humanité, ainsi que des crimes de guerre.
À ce jour, la compétence universelle est la seule possibilité qui s’offre aux Syriens souhaitant que justice soit rendue pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Amnesty International continue de demander au Conseil de sécurité des Nations unies de saisir la Cour pénale internationale de la situation en Syrie.