Le 17 mars 2020, un tribunal marocain a condamné le journaliste Omar Radi à une peine de quatre mois de prison avec sursis et à une amende de 500 dirhams (environ 47 euros) pour un tweet dans lequel il critiquait le juge de la cour d’appel ayant confirmé les lourdes peines de prison prononcées contre les militants du mouvement de justice sociale Hirak El-Rif. En réaction à la décision du tribunal, Heba Morayef, directrice régionale du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International, a déclaré :
Omar Radi n’aurait jamais dû être poursuivi et encore moins condamné pour avoir exprimé des opinions pacifiques sur les réseaux sociaux.
Heba Morayef
« Omar Radi est un virulent détracteur de la répression qu’exercent les autorités marocaines contre les défenseurs des droits humains et il a braqué les projecteurs sur le traitement déplorable réservé aux journalistes et aux dissidents. En avril 2019, il a publié un tweet sur le procès inique d’un groupe de militants et il est aujourd’hui sanctionné pour ce tweet.
« Même si le jugement rendu ce jour ne prévoit pas son incarcération, Omar Radi n’aurait jamais dû être poursuivi et encore moins condamné pour avoir exprimé des opinions pacifiques sur les réseaux sociaux. Cette sentence renforce le message des autorités : quiconque au Maroc se mobilise en faveur des droits humains sera puni.
Cette sentence renforce le message des autorités : quiconque au Maroc se mobilise en faveur des droits humains sera puni.
Heba Morayef
« Nous demandons aux autorités marocaines d’annuler immédiatement et sans condition ce jugement et de libérer toutes les personnes poursuivies et condamnées uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. »
Complément d’information
Omar Radi a été arrêté le 26 décembre, puis remis en liberté provisoire pendant la tenue de son procès.
Le 5 avril 2019, la cour d’appel de Casablanca a confirmé les peines allant jusqu’à 20 ans d’emprisonnement prononcées contre 43 hommes en raison de leur participation au mouvement de protestation du Hirak qui a agité la région du Rif, dans le nord du Maroc, tout au long de l’année 2017. Ces 43 personnes, dont des journalistes et des militants, ont été déclarées coupables à l’issue d’un procès entaché d’allégations de torture et d’autres violations des droits humains.
Depuis novembre 2019, les autorités marocaines ont arrêté au moins neuf militants, leur infligeant interrogatoires, poursuites et peines de prison pour « offense » ou « outrage » au roi, à la monarchie ou « aux fonctionnaires ou aux institutions publiques ».