Sierra Leone. L’État renforce la politique discriminatoire qui exclut les jeunes filles enceintes de l’école, compromettant le droit à l’éducation de centaines d’entre elles

En réaction au renforcement de la position des autorités de Sierra Leone selon laquelle les jeunes filles enceintes sont exclues de l’école jusqu’à la naissance de leur enfant, Marta Colomer, chargée de campagne principale sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, a déclaré :

« La Sierra Leone est un pays où le taux de grossesse chez les adolescentes est élevé. Mais au lieu de dispenser une éducation sexuelle claire dans les écoles et d’éliminer efficacement les violences faites aux femmes et aux filles, les autorités punissent des centaines de jeunes filles enceintes en les privant d’éducation.

Le refus répété de l’État de permettre aux jeunes filles enceintes de suivre les cours ne fait qu’enraciner l’inégalité entre les genres et la discrimination liée au genre. Au lieu de les autonomiser, la politique gouvernementale risque de susciter chez elles un sentiment de honte et de culpabilité.

Marta Colomer, chargée de campagne principale sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International

« Le refus répété de l’État de permettre aux jeunes filles enceintes de suivre les cours ne fait qu’enraciner l’inégalité entre les genres et la discrimination liée au genre. Au lieu de les autonomiser, la politique gouvernementale risque de susciter chez elles un sentiment de honte et de culpabilité.

« Il faut que les autorités lèvent immédiatement cette interdiction, conformément aux obligations de la Sierra Leone en matière de droits humains, et permettent aux jeunes filles enceintes de jouir pleinement de leur droit à l’éducation. »

Complément d’information

Le 15 octobre 2019, le ministre de l’Enseignement primaire et secondaire a publié une déclaration clarifiant la situation des jeunes filles enceintes en matière de scolarité. Il y indiquait qu’elles pouvaient désormais passer les examens mais toujours pas assister aux cours. Pour justifier sa position régressive, le gouvernement a utilisé un langage péjoratif et stéréotypé. Selon lui, les jeunes filles enceintes doivent être écartées de l’école pendant leur grossesse car elles sont incapables d’apprendre correctement et susceptibles, de l’avis général, d’avoir une influence négative sur leurs camarades en les incitant à être sexuellement actives, ce qui peut amener celles-ci à tomber enceintes. Il n’a apporté aucune preuve concrète à l’appui de ses allégations trompeuses et préjudiciables.

En juin 2019, Amnesty International s’est associée à l’action en justice intentée par deux organisations non gouvernementales (ONG), Égalité Maintenant et WAVES, contre l’interdiction faite par la Sierra Leone aux jeunes filles enceintes d’assister aux cours dans des établissements ordinaires et de passer des examens. L’affaire n’a pas encore été jugée par la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).