Jordanie. La livraison d’aide aux réfugiés piégés dans une zone désertique doit s’accompagner d’une solution à long terme

Les informations concernant la reprise des livraisons d’aide humanitaire aux 75 000 réfugiés piégés dans une zone reculée et aride, appelée « la berme » et située le long de la frontière jordano-syrienne, sont une lueur d’espoir très attendue qui doit s’accompagner d’une solution viable à long terme, a déclaré Amnesty International lundi 10 octobre 2016.

Cette annonce intervient alors que l’ONU et la Jordanie poursuivent les négociations visant à ouvrir un couloir humanitaire pour les Syriens piégés dans cette zone depuis que les autorités jordaniennes ont fermé la frontière, à la suite d’une attaque armée en juin. Depuis, les réfugiés vivent dans des conditions très dures, sans aucune aide, à l’exception de secours d’urgence qui leur ont été livrés par grue au mois d’août.

« Apprendre que l’assistance humanitaire va reprendre à destination des dizaines de milliers de réfugiés bloqués dans la zone de la berme est un vrai soulagement. Toutefois, nous sommes préoccupés par les informations selon lesquelles l’aide sera passée par-dessus la frontière à l’aide d’une grue, et craignons que les réfugiés ne soient contraints, directement ou indirectement, pour recevoir cette aide de se rendre dans des zones où ils seront exposés au risque d’attaques. Il faut de toute urgence autoriser un accès humanitaire non restreint et élaborer une réponse humanitaire globale dans le droit fil des normes internationales, a déclaré Audrey Gaughran, directrice du programme Thématiques mondiales d’Amnesty International.

« Des dizaines de milliers de réfugiés ont fui les violences en Syrie, pour se retrouver à vivre pendant des mois dans des conditions totalement inhumaines dans la zone de la berme. Les organisations humanitaires doivent pouvoir s’y rendre sans restriction afin de fournir des vivres, des traitements médicaux vitaux et autres secours. Sinon, cela reviendra à mettre en œuvre une solution d’urgence qui ne sera guère efficace à long terme.

Des dizaines de milliers de réfugiés ont fui les violences en Syrie, pour se retrouver à vivre pendant des mois dans des conditions totalement inhumaines dans la zone de la berme.

Audrey Gaughran, directrice du programme Thématiques mondiales d'Amnesty International

« Il faut trouver une réponse plus durable à la crise dans la zone de la berme. Une solution concrète et efficace serait que la Jordanie, avec l’appui de la communauté internationale, apporte aux réfugiés piégés la sécurité et une protection contre le violent conflit qui sévit en Syrie. Pour cela, il convient de leur permettre d’entrer dans le pays, tout en effectuant les contrôles nécessaires de sécurité, conformément au droit international et aux normes internationales.

Il faut trouver une réponse plus durable à la crise dans la zone de la berme.

Audrey Gaughran

« En outre, la communauté internationale doit partager les responsabilités avec la Jordanie en fournissant un nombre beaucoup plus élevé de places de réinstallation, afin de soulager la pression qui s’exerce sur la Jordanie, l’un des pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés au monde. »