Lesotho. Bilan négatif pour les droits humains un an après l’entrée en fonction de Pakalitha Mosisili

Il faut que les autorités du Lesotho fassent respecter les droits humains et l’état de droit et cesser le harcèlement et les manœuvres d’intimidation qui visent continuellement les avocats et les défenseurs des droits humains, a déclaré Amnesty International jeudi 17 mars 2016, un an après l’entrée en fonction du Premier ministre Pakalitha Mosisili.

« Depuis l’investiture du Premier ministre Pakalitha Mosisili, il y a un an, nous constatons avec inquiétude que des violations des droits humains continuent d’être commises fréquemment et en toute impunité, comme l’illustre le non-respect généralisé des décisions de justice par les Forces de défense du Lesotho (LDF), a déclaré Deprose Muchena, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe.

« Des avocats, des personnalités de la société civile et des journalistes sont victimes de manœuvres d’intimidation, voire de menaces de mort, du simple fait de leurs activités. »

Des avocats, des personnalités de la société civile et des journalistes sont victimes de manœuvres d’intimidation, voire de menaces de mort, du simple fait de leurs activités.

Deprose Muchena, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe.

Ainsi, le 12 février 2016, l’avocat spécialiste des droits humains Khotso Nthontho a été arrêté et détenu brièvement à Maseru. Il est l’un des cinq représentants juridiques de plusieurs militaires inculpés de mutinerie. Ces avocats ont tous reçu des menaces de mort en raison de leur rôle dans l’affaire ; ils ont signalé avoir été suivis et surveillés par des personnes qui appartiendraient aux forces de sécurité.

À plusieurs reprises, les LDF ont ignoré les décisions de justice qui leur ordonnaient de placer les 23 militaires concernés en « détention ouverte », une forme de libération sous caution accordée par la justice militaire. Accusés de mutinerie, ces hommes ont été incarcérés de mai à juin 2015.

Beaucoup d’entre eux ont affirmé avoir subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements aux mains des LDF.

Sept ont été libérés à l’issue d’une bataille judiciaire mais 16 se trouvent toujours à la prison de sécurité maximale de Maseru, bien que la Haute Cour du Lesotho ait ordonné leur libération sous caution le 5 octobre 2015.

Le général de corps d’armée Maaparankoe Mahao, ancien commandant des LDF, a été tué le 25 juin 2015 par quatre de ses éléments car il aurait opposé une résistance au moment de son arrestation. Pourtant, la commission d’enquête chargée de l’affaire par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont le rapport a été présenté au Parlement le 8 février, a estimé que les faits ne s’étaient pas déroulés ainsi et que cet homicide était le résultat d’un recours excessif à la force.

« Il faut que les pouvoirs publics créent un environnement dans lequel chacun puisse jouir de ses droits sans craindre d’être intimidé, harcelé ni tué, a déclaré Deprose Muchena.

« Le Premier ministre doit instaurer le respect des droits humains dans le pays en veillant à ce que l’État remplisse pleinement ses obligations au regard du droit international et y adhère sans réserve. »

Complément d’information

Le Premier ministre Pakalitha Mosisili est entré en fonction le 17 mars 2015, à la suite des élections législatives du 28 février.

Le scrutin n’ayant pas abouti à une victoire nette, le Congrès du Lesotho pour la démocratie (LCD) de Pakalitha Mosili et six autres partis ont formé un gouvernement de coalition.