Iran. Les autorités doivent annuler l’exécution d’un jeune homme déclaré coupable de meurtre à l’issue d’un procès inique

L’exécution d’un jeune homme de 25 ans, condamné à mort à l’issue d’un procès inique n’ayant pas respecté les garanties élémentaires, serait à la fois cruelle et aberrante, a déclaré Amnesty International lundi 23 novembre, les autorités ayant annoncé qu’il serait pendu à la prison de Rajai Shahr, à Karaj, près de Téhéran, demain matin à l’aube.

Alireza Shahi a été condamné à mort en juin 2012 en vertu du principe islamique de la qisas (« réparation ») pour son implication dans un homicide au couteau commis lors d’une bagarre entre plusieurs jeunes en décembre 2008, alors qu’il était âgé de 18 ans. Arrêté, puis placé en détention pendant deux semaines, il affirme avoir subi des actes de torture et des mauvais traitements et avoir été contraint de passer aux « aveux ». Il n’avait pas été autorisé à contacter sa famille ni un avocat.

« Il est toujours cruel et inhumain d’ôter la vie à une personne par pendaison, mais cela l’est d’autant plus lorsque l’exécution découle d’un procès inique qui s’est appuyé sur des aveux forcés et n’a pas pris en compte les allégations de torture et d’autres mauvais traitements », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Il est toujours cruel et inhumain d'ôter la vie à une personne par pendaison, mais cela l'est d'autant plus lorsque l'exécution découle d'un procès inique qui s'est appuyé sur des aveux forcés et n'a pas pris en compte les allégations de torture et d'autres mauvais traitements.

Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International

Alireza Shahi n’a comparu qu’une seule fois devant la 71e chambre du tribunal pénal de Téhéran. Selon les documents judiciaires, lors des premières investigations menées en l’absence d’un avocat, Alireza Shahi a reconnu avoir poignardé la victime. Cependant, il est plus tard revenu sur ses « aveux », affirmant qu’il avait été torturé, et a accusé un autre homme également impliqué dans la bagarre d’avoir infligé le coup de couteau mortel. Sa sentence de mort a été confirmée par la Cour suprême en mai 2013.

« Le nombre d’exécutions en Iran est consternant : si le pays poursuit sur cette lancée, il pourrait dépasser les 1 000 exécutions à la fin de l’année. Cas après cas, nous entendons parler d’allégations de torture, de procès entachés de graves irrégularités, en violation du droit international et des normes internationales. Les autorités iraniennes doivent annuler immédiatement l’exécution d’Alireza Shahi, commuer sa condamnation à mort et enquêter sur ses allégations de torture et de mauvais traitements. »

Par ailleurs, Amnesty International demande aux autorités iraniennes d’annuler la pendaison d’un mineur délinquant, Salar Shadizadi, qui devrait être exécuté samedi 28 novembre. Il a été condamné à mort pour avoir tué un ami alors qu’il avait 15 ans, en violation du droit international qui prohibe de recourir à la peine capitale contre des personnes âgées de moins de 18 ans au moment des faits qui leur sont reprochés.

L’Iran est le deuxième pays qui mène le plus d’exécutions au monde après la Chine, selon le dernier rapport d’Amnesty International sur la peine de mort dans le monde.