Trois sœurs ont pu retrouver leur famille vendredi 15 mai, après avoir passé trois mois en détention secrète, les autorités des Émirats arabes unis les ayant soumises à une disparition forcée, a déclaré Amnesty International. Elles avaient été arrêtées pour avoir posté des commentaires sur Twitter en faveur de leur frère, prisonnier d’opinion dans l’État du Golfe.
Selon Ahmed Mansoor, défenseur des droits humains de renom, les trois sœurs Asma Khalifa al Suwaidi, Mariam Khalifa al Suwaidi et Alyaziyah Khalifa al Suwaidi, ont été déposées au domicile familial peu avant midi, heure locale.
Personne n’avait eu de leurs nouvelles depuis qu’elles avaient été convoquées pour interrogatoire à un poste de police d’Abou Dhabi le 15 février, et placées aux mains des services de sécurité émiriens.
« On ignore encore quelles pressions elles ont subies durant leur détention, si elles sont inculpées d’une infraction, ou si elles ont été libérées sous condition, a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
On ignore encore quelles pressions elles ont subies durant leur détention, si elles sont inculpées d’une infraction, ou si elles ont été libérées sous condition.
Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International
« Ce qui est clair, en revanche, c’est que ces trois femmes n’auraient jamais dû être placées en détention. Le cas échéant, nous continuerons de faire campagne à l’échelle internationale pour demander l’abandon de toutes les charges et de toutes les conditions à leur liberté.
« La disparition forcée est un crime relevant du droit international. Il s’agit d’une mesure de répression très dure de la part de l’État pour faire taire les familles des militants en les enfermant pendant des mois, sans aucun contact avec leurs proches ni le monde extérieur.
« Si la libération de ces trois sœurs est assurément un immense soulagement pour leur famille et leur entourage, il n’en reste pas moins qu’elles ont été victimes d’une disparition forcée en raison de leurs tweets pacifiques. Les responsables de ces agissements doivent comparaître en justice dans le cadre de procès équitables. »
Les prisonniers détenus secrètement par les services de sécurité de l’État émirien sont extrêmement vulnérables et risquent tout particulièrement d’être torturés ou de subir des mauvais traitements. La disparition forcée en soi viole l’interdiction absolue de torture et de mauvais traitements. Amnesty International fait campagne depuis le mois de février pour la libération immédiate et inconditionnelle des trois sœurs al Suwaidi.
Elle demande aux autorités émiriennes de libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers d’opinion.
Complément d’information
Ces trois femmes avaient mené campagne sur Internet, de manière pacifique, en faveur de la libération de leur frère, Issa al Suwaidi. Il fait partie d’un groupe de 69 personnes déclarées coupables, dont huit par contumace, à l’issue du procès collectif inique des « 94 Émiriens » en 2013, au cours duquel ont été jugés 94 détracteurs du gouvernement et partisans de la réforme. Ils étaient accusés d’avoir mis sur pied une organisation visant à renverser le gouvernement, charge qu’ils ont tous réfutée. Parmi eux figurent des avocats, des juges, des intellectuels et des responsables étudiants.