Un prisonnier d’opinion cubain risque de passer en jugement

Le président cubain Raúl Castro doit libérer le prisonnier d’opinion qui doit passer en jugement mardi prochain sur la base de fausses accusations à la suite de l’organisation d’une manifestation contre les autorités, a indiqué Amnesty International.Darsi Ferrer, journaliste indépendant et directeur du Centre de santé et des droits humains Juan Bruno Zayas, à La Havane, est détenu depuis son arrestation qui a eu lieu en juillet 2009 quelques heures seulement avant une manifestation qu’il avait organisée pour protester contre la répression à Cuba.Il a été accusé d’avoir reçu des biens obtenus de manière illégale et de « violence ou intimidation envers un représentant de l’État », des accusions sans aucun fondement apparemment.« Les autorités cubaines doivent abandonner les accusations forgées de toutes pièces portées contre Darsi Ferrer et libérer ce dernier immédiatement, a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.« Il est détenu uniquement en raison de ses activités de défense de la liberté d’expression à Cuba. »Darsi Ferrer est incarcéré dans la prison de sécurité maximale de la capitale, qui accueille les personnes condamnées pour des crimes violents. D’ordinaire, les personnes accusées de tels crimes bénéficient d’une libération sous caution dans l’attente de leur procès. Cependant, Darsi Ferrer s’est vu refuser quatre fois la mise en liberté sous caution.Amnesty International l’a adopté comme prisonnier d’opinion en février 2010.Le 9 juillet 2009, juste avant le début de la manifestation, Darsi Ferrer et sa femme, Yusnaimy Jorge Soca, ont été arrêtés par des policiers et des agents des forces de sécurité.Darsi Ferrer a été menotté et battu par plus de huit policiers. Sa femme et lui ont été relâchés sans inculpation au bout de quelques heures.Lorsqu’ils sont rentrés chez eux, ils ont remarqué que deux sacs de ciment, des poutres métalliques et deux cadres de fenêtre, qui se trouvaient sur leur propriété depuis plusieurs mois, avaient disparu. D’après des voisins, les matériaux avaient été saisis par des policiers.Le 21 juillet, quatre policiers sont venus chercher Darsi Ferrer pour l’interroger au sujet de ces matériaux. Lorsqu’il est arrivé au poste de police il a été arrêté et conduit à la prison de sécurité maximale située dans les faubourgs de La Havane.L’accusation de « violence ou intimidation envers un représentant de l’État » semble liée à des propos de Darsi Ferrer : quelqu’un l’a entendu dire qu’une injustice était en train d’être commise et que tôt ou tard les choses allaient changer à Cuba.Darsi Ferrer avait auparavant déjà été arrêté et empêché d’organiser d’importants événements en faveur des droits humains ou d’y participer.Chaque année depuis 2006, il est arrêté ou convoqué par la police aux alentours du 10 décembre, apparemment afin qu’il ne puisse pas prendre part aux activités liées à la Journée internationale des droits de l’homme, célébrée ce jour-là.Le droit à un procès équitable est fortement restreint à Cuba, où les tribunaux et le ministère public sont sous le contrôle du gouvernement.Le président, le vice-président et les autres juges de la Cour suprême populaire, ainsi que le procureur général et son adjoint sont élus par l’Assemblée nationale de Cuba.En outre, tous les tribunaux sont subordonnés à l’Assemblée nationale et au Conseil d’État, ce qui est préoccupant au regard des normes internationales relatives à l’équité des procès et au droit d’être jugé par un tribunal indépendant et impartial.Les prévenus ne peuvent guère espérer jouir véritablement de leur droit à une défense équitable et digne de ce nom dans la mesure où les avocats sont employés par le gouvernement et peuvent donc parfois hésiter à contester les éléments présentés par les procureurs ou par les services de renseignement de l’État.