La Papouasie-Nouvelle-Guinée ne doit pas reprendre les exécutions

La Papouasie-Nouvelle-Guinée devrait abolir la peine de mort au lieu d’y recourir à nouveau : c’est ce qu’ont déclaré cette semaine Human Rights Watch et Amnesty International dans une lettre conjointe.

Dans cette lettre adressée à Allan Marat, ministre de la Justice et procureur général, ces deux organisations de défense des droits humains ont critiqué les déclarations de représentants du gouvernement qui appelaient à prendre des mesures permettant la reprise des exécutions.

Des crimes violents ont été commis récemment – quatre enfants auraient été tués par leur mère, notamment –, ce qui a conduit ces responsables à indiquer qu’ils envisageaient d’appliquer à nouveau la peine capitale. Allan Marat a expliqué il y a peu à des journalistes que son cabinet élaborait actuellement la réglementation nécessaire pour pratiquer des exécutions.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée n’a procédé à aucune exécution depuis 1954, bien que le Parlement ait rétabli la peine de mort pour les homicides volontaires en 1991.

« La peine de mort est une violation du droit à la vie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée nuirait à sa propre crédibilité en la réintroduisant, a déclaré Apolosi Bose, chercheur spécialiste des pays du Pacifique à Amnesty International.

« Au lieu de cela, cet État devrait veiller à faire respecter le droit à la vie ainsi que le droit de ne pas être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant, droits inscrits dans sa Constitution ainsi que dans ses engagements internationaux. »

Amnesty International et Human Rights Watch sont opposées en toutes circonstances à la peine de mort, qui constitue une violation de certains droits fondamentaux.

Ces organisations ont appelé la Papouasie-Nouvelle-Guinée à abolir la peine de mort et à ratifier le Deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Elles ont aussi exhorté le gouvernement à renforcer le système judiciaire du pays afin que les personnes reconnues coupables de crimes se voient infliger des peines justes et conformes aux normes internationales.
 
« La reprise des exécutions serait un grand pas en arrière pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée car elle éloignerait ce pays de la tendance qui prévaut dans l’opinion et la pratique mondiales, a déclaré Zama Coursen-Neff, directrice adjointe de la division des droits des enfants de Human Rights Watch.

« La Papouasie-Nouvelle-Guinée doit renforcer son système pénal, mais rien ne prouve que la peine de mort soit plus dissuasive que les autres châtiments. »

La peine capitale a été abolie dans les textes par 94 pays, et seule une petite minorité d’États – 25 en 2008 – procède toujours à des exécutions.