Rassemblements à la mémoire de Delara Darabi et contre la peine de mort en Iran

Mercredi 6 mai, des membres d’Amnesty International du monde entier ont participé à des actions pour rendre hommage à la mémoire de Delara Darabi et dénoncer le recours à la peine de mort contre les mineurs délinquants en Iran.

Delara Darabi, une jeune femme iranienne de vingt-deux ans qui avait été déclarée coupable d’un crime qu’elle aurait commis à l’âge de dix-sept ans, a été exécutée le 1er mai alors qu’un sursis de deux mois lui avait été accordé par le responsable du pouvoir judiciaire.

Son exécution a suscité une vague d’indignation au niveau international. À Londres, la secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, et des militants de l’organisation ont déposé des roses et des lis blancs devant la porte de l’ambassade d’Iran. Ils ont été rejoints par Alistair Carmichael, président du groupe parlementaire britannique tous partis confondus pour l’abolition de la peine de mort.

Ces rassemblements ont également attiré l’attention du public sur l’exécution imminente en Iran de deux personnes, Amir Khaleqi et Safar Angooti, qui avaient été déclarées coupables de faits commis alors qu’elles étaient âgées de moins de dix-huit ans, et qui devaient être exécutées le 6 mai. On a appris le 6 au matin que ces deux exécutions avaient été reportées d’un mois.

Lors du rassemblement devant l’ambassade d’Iran à Londres, Irene Khan a déclaré :

« La terre recouvrant la tombe de Delara Darabi n’était pas encore sèche que les autorités iraniennes s’apprêtaient déjà à exécuter deux autres personnes qui, comme elle, ont été accusées d’avoir commis un crime alors qu’elles étaient encore mineures.

« Un sursis d’un mois leur a été accordé ce matin. Cela ne les sauvera pas forcément car Delara a été mise à mort alors même que son exécution avait été différée par le responsable du pouvoir judiciaire en Iran.

« Les mineurs méritent protection et réinsertion, pas la mort. »

En Allemagne, en Autriche, en Belgique, au Canada, en France, en Italie, en Norvège, en Pologne, en République tchèque et en Suisse, des militants d’Amnesty International se sont rassemblés et ont déposé devant les ambassades d’Iran des fleurs et des photos de Delara Darabi. Certains ont également déposé du matériel de dessin en mémoire des talents de peintre de la jeune femme.

Au Burkina Faso, où il n’y a pas d’ambassade d’Iran, des militants d’Amnesty International se sont réunis devant les bureaux de l’organisation à Ouagadougou pour rendre hommage à la mémoire de Delara Darabi.

À Paris, des militants d’Amnesty International et d’Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France) se sont rassemblés devant l’ambassade d’Iran. Ils n’ont pas pu remettre de lettre à l’ambassadeur mais ont laissé un grand portrait de la jeune femme et une couronne de fleurs.

En Suède, des militants d’Amnesty International ont manifesté sur la Sergels Torg, une grande place du centre de Stockholm, la capitale du pays. Une pétition réunissant 1 110 signatures exhortant les autorités iraniennes à adopter une loi interdisant l’exécution de toutes les personnes déclarées coupables de crimes commis alors qu’elles avaient moins de dix-huit ans a été remise à l’ambassade d’Iran le 6 mai. En Finlande, des militants ont déposé des fleurs dans un parc du centre d’Helsinki.

Des messages ont également été envoyés par d’autres membres à travers le monde, notamment des « fleurs virtuelles », des photos de roses blanches, et des messages de protestation adressés aux autorités iraniennes appelant ces dernières à interdire une fois pour toutes l’exécution de mineurs délinquants – personnes reconnues coupables de crimes commis alors qu’elles avaient moins de dix-huit ans. Des militants turcs ont ainsi envoyé des roses virtuelles par courriel afin de rendre hommage à la mémoire de Delara Darabi, et en Espagne quelque 200 000 personnes ont signé une pétition lancée par la section espagnole d’Amnesty International demandant l’interdiction totale des exécutions.

Depuis janvier 2009, l’Iran a exécuté au moins deux personnes pour des crimes qu’elles auraient commis alors qu’elles étaient mineures. Aucun autre pays n’a appliqué ce châtiment à cette catégorie de condamnés depuis 2007. On sait qu’au moins 135 autres mineurs sont détenus dans le quartier des condamnés à mort en Iran. Des avocats et des militants iraniens tentent sans relâche de leur sauver la vie.

Toutes ces actions font écho à l’appel lancé récemment par des membres éminents de la société iranienne, notamment par Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix, pour que soient totalement interdites les exécutions de mineurs délinquants, y compris lorsqu’ils sont condamnés pour meurtre.