Les poseurs de bombes de Bali vont être fusillés

Trois hommes, reconnus coupables d’implication dans les attentats à la bombe de Bali en 2002, qui avaient fait 202 morts et 209 morts et blessés, doivent être exécutés au début du mois de novembre. Un porte-parole du ministre de la Justice indonésien a fait cette annonce le 24 octobre.

Amrozi bin H. Nurhasyim, son frère Ali Ghufron et Imam Samudera ont été condamnés à mort par le tribunal de district de Denpasar en 2003. Ils ont été reconnus coupables d’implication dans les attentats à la bombe qui ont dévasté deux boîtes de nuit à Bali, le 12 octobre 2002. La majorité des morts et des blessés étaient des touristes.

À une date encore inconnue du mois de novembre, ces hommes doivent être extraits de leur cellule de la prison de Nusakambangan et emmené dans un champ, où on leur bandera les yeux avant de les fusiller.

Ces derniers mois, l’Indonésie a fait fi de la tendance mondiale en faveur de l’abolition de la peine de mort et augmenté le nombre d’exécutions. Jusqu’en juin 2008, l’Indonésie n’avait exécuté que 11 personnes en dix ans. L’exécution de ces trois hommes portera à 10 le nombre de prisonniers mis à mort dans les six derniers mois. On pense que 107 autres personnes se trouvent dans le quartier des condamnés à mort.

Cette augmentation est absolument contraire à la résolution 62/149 de l’Assemblée générale des Nations unies (18 décembre 2007), qui appelle à un moratoire sur les exécutions. Les condamnations à mort d’Amrozi, de Ghufron et de Samudera violent également l’article 15 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ratifié par l’Indonésie en 2006) ainsi que la Constitution indonésienne, qui interdisent tous les deux l’application rétroactive des lois pénales. La Loi relative à la lutte contre les actes de terrorisme, en vertu de laquelle ces hommes ont été condamnés à la peine capitale, est en effet entrée en vigueur après les attentats de 2002. Malgré cela, en 2007, la Cour suprême indonésienne a rejeté les appels des trois hommes, qui dénonçaient cette application rétroactive.

Les chefs d’État des pays abolitionnistes de la région, notamment le Timor-Leste et la Nouvelle Zélande (dont certains ressortissants sont morts dans les explosions), ont publiquement exprimé leur opposition à la peine de mort en toutes circonstances, même pour ce qui était des poseurs de bombes de Bali. D’autres États ont fait écho à leur prise de position, y compris l’Australie, qui a aboli la peine capitale.

Les attentats de Bali étaient des crimes horribles, mais Amnesty International estime que prolonger le cycle de la violence en ordonnant des exécutions n’apportera aucune compensation aux victimes. Par ailleurs, ces mises à mort répondent à des atteintes aux droits humains par d’autres atteintes aux droits humains.

Pour l’organisation, il n’a jamais été prouvé de façon fiable que la peine de mort avait une action dissuasive. Dans les affaires visées, les exécutions risqueraient d’entraîner de nouvelles atrocités. En effet, ces mises à mort risquent de transformer les meurtriers en martyrs, et leur souvenir pourrait être utilisé pour obtenir des soutiens et recruter de nouveaux activistes. À l’approche de leur exécution, les trois hommes ont d’ailleurs publiquement appelé leurs sympathisants à venger leur mort.

Amnesty International estime que la peine de mort est la négation absolue des droits humains. Il s’agit d’un meurtre commis par l’État, avec préméditation et de sang-froid. La peine de mort bafoue le droit à la vie proclamé par la Déclaration universelle des droits de l’homme et constitue un châtiment cruel, inhumain et dégradant.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, quels que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur ou la méthode utilisée par l’État pour l’exécuter. L’organisation a demandé à l’Indonésie de mettre un terme à cette recrudescence des exécutions et d’établir un moratoire immédiat sur la peine capitale, en vue de l’abolir définitivement. Les condamnations à mort déjà prononcées doivent être commuées sans exception.