Les journalistes en danger à Sri Lanka

Plusieurs journalistes ont été menacés de mort à Sri Lanka après l’agression à l’arme blanche de deux journalistes au cours des onze derniers jours. Lal Hemantha Mawalage, un important producteur d’émissions d’information de la chaîne publique Sri Lanka Rupavahini Corporation (SLRC), a reçu des coups de couteau à Athurugiriya, une ville du sud du pays, dans la soirée du vendredi 25 janvier.

Quatre jours plus tard, l’organisation Free Media Movement, basée à Colombo, a indiqué que cinq personnes s’étaient introduites, dans la capitale sri-lankaise, au domicile de Suhaib M Kasim, rédacteur en chef adjoint du quotidien d’État tamoul Thinakaran. Les agresseurs ont emmené Suhaib M Kasim dans sa véranda, où ils lui ont donné des coups de couteau à l’abdomen.

Depuis cette attaque, un autre employé de la SLRC a signalé à la police qu’on l’avait menacé avec une arme à feu. Duleep Sanjeewa a déclaré aux policiers de Kollupitiya, à Colombo, que deux hommes armés l’avaient menacé de mort chez lui fin janvier.

Par ailleurs, la police de Colombo enquête sur un incident dans lequel une voiture et une moto ont suivi un journaliste de l’hebdomadaire Ravaya le soir du mardi 29 janvier. Lasantha Ruhunage s’est plaint auprès de la police d’avoir été suivi alors qu’il rentrait chez lui après son travail.

Toutes ces menaces surviennent à une période où le conflit sri-lankais connaît une recrudescence après l’échec du cessez-le-feu entre le gouvernement et les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE). Un attentat a tué 12 civils et en a blessé 17 autres le 4 février à Welioya, à environ 200 kilomètres au nord de Colombo.

Cette attaque est la dernière d’une longue série de violences qui visent et tuent des civils. Le 3 février, au moins 11 personnes ont trouvé la mort dans un attentat-suicide commis contre la principale gare ferroviaire de Colombo. Le 1er février, une bombe dans un bus a tué 20 personnes, en majorité des pèlerins bouddhistes, qui se rendaient à Anuradhapura. Le 29 janvier, une attaque à la mine Claymore contre un bus dans le district de Mannar a tué 11 écoliers.

La censure officielle et l’autocensure alimentent un cycle dangereux de rumeurs et de désinformation. En l’absence d’observateurs indépendants dans le nord et l’est du pays, il est impossible de confirmer ou d’infirmer les affirmations des deux parties au conflit, qui se renvoient la responsabilité des atteintes aux droits humains.

Les journalistes jouent un rôle important à Sri Lanka en informant sur le conflit et en révélant les violations commises. Dans le sud du pays, leur travail est également essentiel car il permet de dénoncer la corruption au sein de la classe politique et de l’armée.


« Il est capital que les événements qui se déroulent à Sri Lanka soient rapportés de manière indépendante, qu’il s’agisse des atteintes aux droits humains perpétrées dans le cadre du conflit qui s’aggrave ou des problèmes de corruption et d’abus de pouvoir,
a déclaré Tim Parritt, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique. Les attaques de plus en plus fréquentes contre les journalistes et le climat d’impunité qui protège les responsables sont des sujets de préoccupation sérieux. »