Sierra Leone. Justice n’a toujours pas été rendue aux femmes et aux jeunes filles victimes de viol lors du conflit

On estime qu’un tiers des femmes et des jeunes filles ont été victimes de violences sexuelles lors du conflit qui a ravagé la Sierra Leone de 1991 à 2002.

Elles ont notamment été soumises de manière délibérée et systématique

• au viol • à l’esclavage sexuel • à la grossesse forcée.

Six ans plus tard, presque rien n’a été fait pour leur permettre d’obtenir justice et réparation et pour que leur souffrance soit reconnue.

La souffrance continue La violence sexuelle n’est pas une épreuve ponctuelle, mais un traumatisme qui continue d’affecter longtemps la vie des victimes de diverses manières. Des années après, nombre de femmes et de jeunes filles souffrent toujours des conséquences psychologiques, physiques, sociales et économiques de ces agressions.

De nombreuses victimes ne parlent jamais de ce qu’elles ont vécu car elles éprouvent de la honte et craignent d’être rejetées par la société. Cette honte peut engendrer un sentiment d’isolement, et elle les empêche souvent de rechercher les soins médicaux dont elles auraient besoin. Pourtant, un grand nombre d’entre elles souffrent des conséquences physiques des multiples violences sexuelles subies, par exemple blessures aux organes de reproduction, fausses couches, grossesses non désirées, et maladies sexuellement transmissibles.

De nombreuses victimes ont eu trop honte de ce qu’elles avaient enduré pour retourner dans leur ville ou leur village, et elles doivent se reconstruire une nouvelle vie loin de leurs amis et de leur famille. D’autres vivent dans le silence, refusant de partager des souvenirs douloureux de crainte d’être rejetées par leur famille et de se retrouver sans ressources.

Lorsque l’agression est connue, l’entourage a tendance à faire des reproches aux victimes et à adopter à leur égard une attitude discriminatoire, plutôt qu’à leur apporter son aide. Nombre d’entre elles sont rejetées par leur famille et la société, et il leur est difficile de trouver du travail et de subvenir à leurs besoins.

Tant que le gouvernement de la Sierra Leone n’aura pas reconnu ces crimes, il sera difficile de combattre l’idée très répandue que ces femmes sont d’une manière ou d’une autre responsables de ce qui leur est arrivé et que la violence dont elles ont été victimes est « normale ».

La réprobation sociale et la discrimination constituent des obstacles importants pour les femmes et les jeunes filles qui tentent de reconstruire leur vie à la suite de ces traumatismes. Elles sont nombreuses à vouloir obtenir justice et réparation afin de devenir autonomes sur le plan économique et de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants.

Le chemin vers la justice

Ces femmes et ces jeunes filles ont droit à la justice pour les violences sexuelles dont elles ont été victimes. Le gouvernement de la Sierra Leone doit les aider à reconstruire leur vie en :

• reconnaissant publiquement leur souffrance ; • travaillant avec les victimes à l’élaboration et à la mise en place d’un programme de réparation qui réponde véritablement à leurs besoins.