Issa Yero Diallo, une jeune femme tuée par une balle dans le dos

Alassane Diallo est dans son village natal lorsqu’ il reçoit, le 22 mars, jour des élections législatives et du référendum pour une nouvelle constitution, un appel téléphonique de sa fille de 10 ans en larmes. “Ils ont tiré sur maman, elle est morte” lui dit -elle.  Il est sous le choc, sa femme, Issa Yero Diallo, était restée à Conakry avec ses deux enfants âgés de 10 et 5 ans.

Ce jour-là,  des échauffourées éclatent entre policiers et manifestants opposés au scrutin dans la capitale Conakry. Les forces de défense et de sécurité ont encerclé le quartier Ansoumaya où le couple habite. Issa Yero entend des coups de feu. Elle sort pour chercher ses enfants partis joués dans le quartier. Elle est touchée par une balle dans le dos.

 Les voisins transportent son corps sans vie à l’hôpital Ignace Deen où, les médecins refusent de prendre le corps par défaut de place. Les voisins insistent et finissent par laisser le corps à la morgue de l’hôpital.

Le lendemain, Alassane Diallo arrive à Conakry. L’hôpital Ignace Deen demande que la famille vienne vite récupérer le corps, car la morgue ne dispose plus de places. Sur la déclaration de décès est écrite la mention “mort violente”. À sa connaissance, aucune autopsie n’a été faite.  Sous pression, Alassane Diallo organise le même jour les obsèques de son épouse qui sera finalement enterrée.

À la télévision, l’époux d’Issa Yero apprend que le ministre de la sécurité et de la protection civile a annoncé lors d’une conférence de presse, l’interpellation du présumé auteur “un élève -gendarme “. Il annonce dans la foulée des enquêtes qui donneront “les motivations, puisqu’il est clair que les instructions données à l’USSEL[1] étaient très claires. C’est le maintien d’ordre sans arme”. Près de six mois se sont écoulés depuis la mort brutale de son épouse, Diallo et son avocat n’ont pas eu des nouvelles de l’enquête. Ils auraient appris la libération du présumé auteur, mais à ce jour les autorités n’ont pas pu confirmer.

Qu’importe, Alassane Diallo continue à demander justice pour sa partenaire de plus de 10 ans “je veux savoir ce qui s’est passé…sans justice rien ne peut aller”.

[1] USSEL: Unité Spéciale de Sécurisation des élections