États-Unis. Amnesty International demande à Barack Obama de fixer une date pour la fermeture de Guantánamo

À la veille du septième anniversaire des premiers transferts de détenus vers Guantánamo Bay, Amnesty International demande au président élu Barack Obama d’annoncer une date pour la fermeture de ce centre de détention dès son entrée en fonction – et de tenir ainsi son engagement de mettre un terme aux atteintes aux droits humains qui caractérisent les politiques et les pratiques américaines de lutte contre le terrorisme depuis sept ans.

En outre, l’organisation a demandé au président élu d’appuyer la mise sur pied d’une commission indépendante chargée d’enquêter sur les violations des droits fondamentaux commises dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » par les États-Unis ou en leur nom, afin d’obliger les responsables à rendre des comptes et de préfigurer un tournant radical dans les politiques américaines de lutte contre le terrorisme.

« Nous ne demandons pas l’impossible. Barack Obama a déjà fait part de sa volonté de revenir sur certains préjudices autorisés par le gouvernement américain au nom de la sûreté nationale et nous lui demandons de traduire cet engagement dans la réalité, a indiqué Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International.

« Nous nous réjouissons de la priorité accordée à la question de Guantánamo, a-t-elle ajouté. La fermeture de ce centre de détention marquerait le début d’une rupture franche avec les politiques de détention du passé, à condition que les obligations internationales qui incombent aux Etats-Unis soient pleinement respectées. Le diable se niche désormais dans les détails : Guantánamo ne doit pas être recréé sous un autre nom en un autre lieu. » Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a demandé à son équipe de planifier la fermeture de Guantánamo, en prévision de la priorité qu’accorderait le nouveau gouvernement à cette question. Il importe également d’élaborer un plan global d’action pour l’avenir des détenus. Ce projet de fermeture doit aussi prescrire l’abandon immédiat des procès devant des commissions militaires. Tout procès devra désormais se dérouler devant des tribunaux civils de droit commun.

Par ailleurs, les autres États doivent faciliter la fermeture de Guantánamo en offrant une protection humanitaire aux détenus dont la libération a été approuvée mais qui ne peuvent retourner dans leur pays, où ils risqueraient de subir des actes de torture ou de persécution. Plusieurs États de l’Union européenne (UE), notamment l’Allemagne et le Portugal, ont appuyé l’idée d’accueillir des prisonniers sur le territoire européen et l’UE débat actuellement de l’adoption d’une approche commune.

« Guantánamo s’est inscrit dans une stratégie de détention qui a amené les États-Unis à battre systématiquement en brèche depuis sept ans les droits fondamentaux de la personne humaine – tels que le droit d’être jugé équitablement et d’être traité avec humanité – au nom de la lutte contre le terrorisme, a expliqué Irene Khan. Il est temps que les États-Unis adoptent une nouvelle approche, mais les autres pays du globe ont aussi un rôle essentiel à jouer pour contribuer à fermer ce centre de détention. »

Amnesty International demande à Barack Obama d’entreprendre, durant les 100 premiers jours de sa présidence, des réformes concrètes en matière de droits humains, notamment d’annoncer en détail le plan de fermeture de Guantánamo Bay, dans un délai assez court, de promulguer un décret présidentiel prohibant la torture et les autres mauvais traitements, dans le droit fil du droit international, et de mettre sur pied une commission indépendante chargée d’enquêter sur les violations imputables au gouvernement américain dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ».

Quelque 250 personnes sont actuellement maintenues en détention à Guantánamo. Certaines s’y trouvent depuis plus de six ans.

Amnesty International compte parmi les premières organisations à avoir demandé la fermeture de Guantánamo. Le 11 janvier, des militants, des sympathisants et des membres de plus de 35 pays du monde demanderont une nouvelle fois que les États-Unis en finissent avec cette politique de détention dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Note aux rédacteurs Dans le cadre de sa campagne de 100 jours, Amnesty International publiera le 15 janvier une vidéo en ligne qui met en évidence les attentes vis-à-vis du nouveau gouvernement du président élu Barack Obama et expose les principales demandes de l’organisation. Vous pouvez la visionner à l’adresse suivante : https://obama100days.amnesty.org.

Vous pouvez également consulter la liste complète des demandes qu’Amnesty International soumet au président élu des Etats-Unis : https://www.amnesty.org/fr/library/info/AMR51/117/2008/fr.

Pour obtenir plus d’informations – notamment des faits et chiffres, des articles et des interviews (y compris avec d’anciens détenus et des experts d’Amnesty International) – veuillez cliquer sur https://www.amnesty.org/en/for-media/resources/counter-terror-with-justice, ou contacter Josefina Salomon, attachée de presse, au +44 207 413 5562 ou +44 7778 472 116 (mobile), [email protected].