Des Roms militent contre la discrimination

En Europe, des millions de Roms subissent préjugés, exclusion, expulsions forcées, ségrégation scolaire, privation de services essentiels et hostilité pouvant se transformer en violence. Que font-ils pour résister à cette discrimination quotidienne ? Qu’est-ce qui leur permet d’espérer que leur situation va s’améliorer ?

Voici le témoignage de militants roms qui parlent de leur lutte pour le respect de leurs droits fondamentaux, des droits de leurs enfants et de tous ceux qui partagent leur quotidien.

Lutter contre la ségrégation à l’école – « Vous nous avez donné de la force »
Peter et Marcela (photo ci-contre) vivent à Levoča, en Slovaquie. Avec l’aide d’Amnesty, ils ont récemment remporté une bataille contre la scolarisation de leurs enfants dans des classes réservées aux Roms, une pratique qui perdure néanmoins.

Peter :« Je me sens slovaque, mais je suis rom. Je ne veux pas être étiqueté rom ou tsigane. Je fais partie de la société, tout comme mes enfants. Leur avenir sera meilleur que le mien. Ils vont dans des classes mixtes – ils ont plus de possibilités et une autre façon de voir l’école. J’espère la venue du changement. Il faut supprimer les classes séparées. C’est bien d’informer les gens – si l’on n’en parle pas, rien ne bougera et aucun problème ne sera réglé. Notre collaboration avec Amnesty a sans aucun doute été positive, parce que, à Levoča et ailleurs, les choses ont changé. »

Marcela : « Je me suis battue pour mes enfants, mais aussi pour tous les enfants. Je serais tellement contente que le ministère de l’Éducation supprime toutes les écoles et les classes réservées. Et je voudrais que les autres parents se battent comme nous l’avons fait, mon mari et moi. Collaborer avec Amnesty International, cela m’a donné beaucoup de force et d’énergie. Si vous ne nous aviez pas aidés, je n’aurais pas su par où commencer. J’ai trouvé que c’était une expérience importante. Vous nous avez donné suffisamment de force pour poursuivre notre lutte. »

Lutter contre la discrimination – « J’étais en colère »
Rita Izsák (photo ci-contre) est une Rom de Hongrie. Elle est aujourd’hui l’experte indépendante des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités.

« Le nom de ma mère est Orsós, un nom rom traditionnel. Toute ma vie, lorsque j’ai dû donner le nom de ma mère pour des documents officiels, on comprenait tout de suite que j’étais rom.

« Quand j’étais étudiante, je travaillais à temps partiel comme organisatrice d’événements, et j’ai été licenciée subitement sans raison. Mon patron, m’a-t-on dit, avait découvert que ma mère était rom et ne pouvait pas admettre que l’entreprise soit représentée par une Rom. Peu lui importait que je fasse des études de droit, que je parle deux langues couramment, que je sois propre sur moi et polie ; la seule chose qui comptait à ses yeux, c’était que ma mère était d’origine rom.

« J’étais en colère et j’ai rejoint le Centre européen des droits des Roms. Je suis devenue militante pour les droits des Roms. J’étais confrontée à cette réalité terrible, et cela a fait de moi une combattante.

« Je vois des signes encourageants – par exemple, mon organisation en Hongrie vient de monter un club de femmes roms, où je vois des dizaines de jeunes femmes très talentueuses et très instruites œuvrer en faveur de la cause rom.

« Je pense que ce qui fait vraiment défaut est un discours clair sur la réalité des faits. Il n’y a pas suffisamment de discussions franches permettant aux gens de comprendre ce qui se passe. Les responsables politiques ont souvent peur de prononcer des mots comme “ségrégation”, “violence” ou “homicides de Roms” . Tout le monde se tait.

« En Europe occidentale, on assiste à une montée des discours haineux et de la haine, non seulement envers les Roms, mais aussi envers d’autres groupes, comme les juifs et les musulmans. Mais le cas des Roms est à part, parce que nous servons de cibles dans la quasi-totalité des pays où nous vivons. Le problème est que nous ne disposons pas d’un pouvoir politique, économique ou médiatique suffisant. Il est donc important de trouver des lieux d’échange pour témoigner de notre solidarité. ll existe toujours un moyen de tendre la main à ces communautés.

« Nous devons agir maintenant pour éviter de voir apparaître une nouvelle génération perdue de Roms, qui n’aurait pour perspective qu’une vie marquée par la pauvreté, la discrimination et l’exclusion. »

AGISSEZLe 4 avril, Amnesty International lance une nouvelle campagne mondiale visant à mettre un terme à la discrimination des Roms en Europe.
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