Pakistan : des exécutions extrajudiciaires témoignent de l’insécurité dans la vallée de la Swat

Amnesty International saisit l’occasion que représente la visite en Grande-Bretagne du président Asif Ali Zardari, dont le pays connaît une instabilité persistante, pour attirer l’attention sur l’un des principaux défis que son gouvernement doit relever.

La découverte des restes de plus de 160 victimes d’exécutions extrajudiciaires dans la vallée de la Swat, au Pakistan, met en évidence la persistance de la crise des droits humains dans le nord-ouest du pays.

Amnesty International a reçu des informations dignes de foi signalant que 164 personnes ont été tuées – elles ont souvent été abattues par des tireurs qui se trouvaient à faible distance – depuis la mi-juillet, époque à laquelle l’armée pakistanaise a repris le contrôle de la majeure partie de cette région qui était aux mains d’insurgés affiliés aux talibans.

Les intenses combats ont chassé de chez elles plus de deux millions de personnes.

« Beaucoup de gens dans la région imputent ces morts à l’armée, a indiqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Mais nos recherches montrent que les victimes ont aussi été tuées dans certains cas lors d’opérations de représailles menées par les talibans, et dans d’autres cas lors de conflits locaux ou tribaux, dans un climat de chaos et d’insécurité persistants. »

Amnesty International a exhorté les autorités pakistanaises à améliorer le maintien de l’ordre dans la région et à ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur ces homicides.

L’armée pakistanaise a pris le contrôle de la plupart des principales villes et routes de la région, mais les recherches menées par Amnesty International donnent à penser que les insurgés restent très actifs dans des secteurs plus reculés.

Les personnes déplacées sont fortement poussées à retourner dans leurs villages dans la province de la Frontière du Nord-Ouest, alors que la sécurité n’y a pas été totalement rétablie.

Elles sont parfois forcées à retourner dans des secteurs où elles ne sont pas en sécurité, et où elles ne disposent pas du minimum nécessaire pour vivre et travailler en raison du manque d’eau, d’électricité et d’infrastructures de transport.

Amnesty International appelle le gouvernement à répondre immédiatement aux besoins urgents des populations déplacées, notamment aux besoins d’eau salubre, de nourriture, d’abris, de soins médicaux et d’éducation.

« Le gouvernement doit veiller à ce que les personnes qui retournent chez elles soient en sécurité et retrouvent des conditions de vie satisfaisantes, afin qu’elles puissent vivre dans la dignité et sans crainte pour leur sécurité », a ajouté Sam Zarifi.